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chaque pays. La commission travailla à sa besogne jusqu’à midi, et proposa ensuite l’admission de tous les délégués présents.

Ces délégués formaient cinq groupes distincts. Le plus nombreux était le groupe flamand, composé de représentants de diverses corporations ouvrières ou sociétés de Gand, de Bruxelles et d’Anvers, et des Sections internationales de Bruxelles, de Gand, de Malines et d’Anvers. Au grand complet, ce groupe comptait vingt-sept délégués ; mais une douzaine d’entre eux seulement assistèrent régulièrement aux séances ; les autres ne tirent qu’une apparition, ou même ne vinrent pas du tout, Voici la liste de ces vingt-sept délégués : Bruxelles, Lug. Steens, De Bugger, Brismée[1], Fr. Goetschalck, De Paepe[2], Verschuren, Pira, Paterson, De Wit, Delporte, Mayeu, Bertrand ; Gand, Anseele, Van Beveren, Verbauwen, P. De Witte, Tetaert, Marisal, De Wachter, Cardon, De Backer ; Anvers, Ph. Coenen, G. Goetschalck, De Gratie ; Malines, Machtels ; Courtrai, Knockaert ; Liège, Slebach (ce dernier délégué doit être rangé dans le groupe flamand, quoique représentant une ville wallonne, parce qu’il vota constamment avec lui).

En second lieu venait le groupe des délégués de l’Internationale arrivant du Congrès de Verviers. Il comptait onze membres, savoir : Rodriguez [Soriano] et Mendoza [Morago], pour l’Espagne ; Paul Brousse et Jules Montels, pour la France ; Gérard Gérombou, pour Verviers ; Andrea Costa et Martini, pour l’Italie et la Grèce ; Rinke et Werner, pour l’Allemagne ; James Guillaume, pour le Jura ; Levachof [Kropotkine], pour la Russie.

Le troisième groupe était celui des Allemands, composé de Greulich, délégué de l’Arbeiterbund suisse ; Fränkel, délégué du Parti socialiste de Hongrie ; et Liebknecht, délégué du Parti socialiste d’Allemagne (Liebknecht n’arriva que le lundi après-midi, et ne resta que jusqu’au jeudi soir).

Le quatrième groupe était formé de deux Anglais : John Hales[3], délégué du Commonwealth Club, de Londres ; et Maltman Barry, délégué du Kommunistischer Arbeiterverein de Londres, et correspondant du journal le Standard[4].

Le cinquième groupe, enfin, se composait de cinq délégués assez difficiles à classer. C’étaient Bazin[5], un Français habitant Bruxelles et représentant un groupe français de Londres ; Zanardelli, un Italien représentant des groupes de

  1. Louis Bertrand a écrit (t. II, p. 300) que « les anciens de l’Internationale à Bruxelles, Brismée, Steens, etc., regardaient comme sacrilège le fait de tenter l’organisation d’un autre groupement ». Cela était exact encore en 1876, mais maintenant Brismée et Steens s’étaient ralliés à l’idée nouvelle, sous l’influence de De Paepe, et ils la défendirent à Gand avec une ardeur de nouveaux convertis.
  2. De Paepe représentait, non point une section de l’Internationale, ou une société ouvrière belge, mais la communauté d’Onéida, dans l’État de New York. Le Bulletin du 7 octobre publia à ce sujet la communication suivante, que lui avait adressée Un ami, un curieux qui s’était renseigné : « La seule communauté indiquée dans l’ouvrage de Nordhoff comme existant à Onéida (État de New York) est une société de travailleurs enrichis, employant aujourd’hui des salariés et qui se dénomme, au point de vue civil, les Perfectionnistes, et, au point de vue religieux, les Communistes de la Bible. L’opinion qui y domine, c’est que le communisme est, non pas le résultat du progrès scientifique et social de l’humanité, mais bien le retour aux vraies doctrines de la Bible. Est-ce cette société que le docteur De Paepe représentait à Gand ? » De Paepe ne répondit rien, et pour cause.
  3. John Hales, depuis que les dernières sections de l’internationale, en Angleterre, avaient cessé d’exister, faisait de la politique radicale. Il n’avait pas changé, car au Congrès de Genève, en 1873, il nous avait déclaré bien nettement que la tactique qui avait ses préférences n’était pas la nôtre. À Gand, il fut conséquent avec lui-même en s’alliant aux politiciens flamands.
  4. C’est ce Maltman Barry que nous avons vu figurer au Congrès de la Haye, et, depuis, dans les intrigues politiques anglaises, comme l’homme à tout faire de Karl Marx, qui l’employait toutes les fois qu’il y avait une besogne malpropre à exécuter. Il représentait à Gand, comme on le voit, l’association allemande de Londres dont Marx était le meneur depuis 1847 ; et, comme à la Haye, il était en même temps correspondant de l’organe principal du parti conservateur anglais.
  5. Sur Bazin, voir ci-dessus p. 121.