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Considérant, d’autre part, que la question mise à l’ordre du jour par la Nouvelle-Castille se trouve implicitement contenue dans d’autres questions qui seront mises en discussion ;

Pour ces motifs, le Congrès passe à l’ordre du jour[1].


Comme il est six heures du soir et qu’un meeting doit avoir lieu à huit heures, la suite de la discussion est renvoyée au lendemain.


Meeting public, jeudi 6 septembre, à huit heures du soir.

Une foule nombreuse se presse dans la grande salle de la cour Sauvage. Des socialistes de Verviers prennent successivement la parole, et exposent en langue wallonne les principes de l’Internationale ; ils sont chaleureusement applaudis.

Le meeting dure jusqu’à minuit, et paraît laisser à tous les assistants une excellente impression. « Les tiraillements qui avaient malheureusement existé pendant quelque temps entre divers éléments socialistes à Verviers ont disparu ; l’union est rétablie, et chacun envisage l’avenir avec espoir et confiance. Le Congrès de Verviers aura été le signal d’un énergique réveil du socialisme dans le pays wallon : voilà ce que dit chacun, et nous croyons que c’est en effet la vérité. »


Troisième séance (privée), vendredi 7 septembre, à neuf heures du matin.

La lecture des procès-verbaux des deux précédentes séances est faite, et ils sont adoptés.

Un nouveau mandat arrive au bureau, et le Congrès admet le délégué qui en est porteur : Malempré, représentant la section de Lambermont (Belgique)[2].

On aborde le troisième point de l’ordre du jour : « Dans quelque pays que triomphe le prolétariat, nécessité absolue d’étendre ce triomphe à tous les pays ».

James Guillaume, délégué de la Fédération jurassienne, dit qu’il a reçu le mandat de demander au Congrès de passer à l’ordre du jour sur cette question.

Une autre proposition, faite par Costa, avec un complément de Brousse, est présentée aux délégués[3].

  1. Nous ne donnons que sous toutes réserves le texte de cette résolution et de la suivante, que nous empruntons au Mirabeau, et qui nous paraît contenir des erreurs et des incorrections. Lorsque nous aurons reçu communication des procès-verbaux officiels du Congrès, nous rectifierons ces textes s’il y a lieu. (Note du Bulletin.) — Ces textes n’ont pas été rectifiés, les textes authentiques n’ayant pas été communiqués à la Fédération jurassienne par les secrétaires du Congrès.
  2. Le nombre total des délégués se trouva par là porté à vingt.
  3. On voit déjà se manifester ici une opposition entre Brousse et Costa, d’une part, qui font figure d’ « extrême gauche », et le représentant de la Fédération Jurassiienne d’autre part, opposition qui s’accentuera au Congrès de Gand. Brousse, depuis un certain temps, prenait de plus en plus, dans ses allures, quelque chose de débraillé et de « casseur d’assiettes » qui m’était antipathique ; son langage se faisait, à dessein semblait-il, vulgaire et cynique. Après avoir rimé la chanson du Drapeau rouge, dont la valeur poétique est médiocre, mais dont l’intention était excellente et dont le succès fut de bon aloi ; après avoir fait sur le préfet de Berne, M. de Wattenwyl, des couplets gouailleurs sur l’air du Sire de Fich’-ton-kan, qui étaient lestement tournés, avec ce refrain :

    Saluez Monsieur Ppréfet
    Oui s’en va-t-en ville.
    Ses lunettes sur le nez :
    C’est un homme habile !

    il avait continué par une chanson qui me déplaisait fort, et dont le refrain était :

    Pétrolons, pétrolons
    Les bourgeois et leurs maisons !

    À tout propos il entonnait cette scie, que je trouvais odieuse ; et, comme il me voyait hausser les épaules à chaque nouvelle audition de sa dernière œuvre, il n’était pas éloigné de me traiter de réactionnaire.