Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/618

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le ministère public. Le témoin Capt ayant déclaré qu’il a frappé, je requiers sa mise en accusation immédiate.

Après une courte discussion entre le président, le ministère public et l’avocat Sahli au sujet de la légalité de cette manière de procéder, le tribunal se retire pour délibérer. Il rentre bientôt avec un arrêt qui transforme le témoin Capt en prévenu.

Capt. Tant mieux ! (Applaudissements.)

Le témoin va prendre place au banc des prévenus. Ceux-ci se trouvent ainsi au nombre de trente[1].


Enfin, dans le troisième passage, un témoin revient sur l’incident du coup de stylet, et prétend connaître celui qui l’a porté :


Steiner, cocher, dépose que pendant la bagarre il a vu un individu, armé d’une canne à épée ou d’un stylet, frapper un gendarme. Cet individu est Rinke, le témoin le reconnaît très bien.

Kachelhofer. Le témoin est-il disposé à confirmer sa déposition sous serment ?

Steiner. Oui, je le jurerai si on le demande.

Guillaume. Je demanderai au témoin s’il connaît les conséquences légales d’un faux serment ? Tout à l’heure, quand les prévenus seront interrogés, il sera démontré clair comme le jour que ce n’est pas Rinke qui a manié un stylet, et que le témoin se trompe ; je l’engage donc à ne pas affirmer à la légère.

Steiner. Je suis prêt à jurer que c’est Rinke.

Le président annonce au témoin que le serment lui sera déféré après l’interrogatoire des prévenus.


Nous savions quel était celui de nos camarades qui avait frappé le gendarme Lerch ; nous savions que lorsque son tour serait venu de parler, il dirait la vérité, et que ce serait un coup de théâtre. Aussi nous faisions-nous un malin plaisir d’entendre un témoin affirmer avec tant d’assurance une chose dont la fausseté devait être démontrée de façon éclatante ; et nous fûmes encore plus contents, le lendemain, d’entendre deux autres témoins venir s’enferrer à leur tour, comme on va le voir.

Toute la matinée du vendredi 17 fut encore employée à entendre divers témoignages. Je ne citerai que les deux dépositions dont je viens de parler, relatives au coup de stylet :


Le témoin Hermann, employé à la gare, prétend avoir vu Rinke un stylet à la main. Il est prêt à l’affirmer sous serment, si les prévenus le demandent.

Le président annonce au témoin qu’il sera rappelé plus tard pour confirmer sous serment sa déposition.

Le gendarme Brülhardt raconte aussi que l’un des membres du cortège avait à la main un stylet ou canne à épée. Le président l’ayant invité à chercher à reconnaître parmi les prévenus la personne en question, le gendarme se retourne, et désigne Guillaume. (Éclat de rire général.)

Guillaume. Le témoin est-il prêt à confirmer sa déclaration par serment ?

Brülhardt. Oui. (Nouveaux rires.)

  1. C’est-à-dïre de vingt-six présents au lieu de vingt-cinq, avec quatre absents.