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« Le caissier du Bulletin[1] communique les comptes suivants :

Le total des recettes du premier trimestre de 1877 s’élève à

fr. 692,65
Dépenses fr. 743. 25
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Déficit fr. 50,60 »


Les comptes de la souscription en faveur des internationaux arrêtés en Italie, publiés dans le Bulletin du 17 juin, font voir qu’à cette date les sommes souscrites s’élevaient à 230 fr. 15. Le Bulletin du 1er juillet annonce ceci : « Une somme de 200 fr., prise sur les 230 fr. 15 qui ont été recueillis jusqu’ici dans la Fédération jurassienne en faveur des internationaux italiens, a été envoyée par les soins du Comité fédéral jurassien à la Commission italienne de correspondance ».


J’avais grand besoin de repos : ma santé avait été sérieusement ébranlée au printemps de 1877. Il fut décidé que j’irais passer, en juillet, deux ou trois semaines à la montagne, dans les Alpes : c’était la première fois que je pouvais m’accorder des vacances de cette espèce. On venait de m’offrir un travail de traduction mieux payé que d’habitude, travail que je pourrais exécuter n’importe où, et qui devait me permettre de gagner quotidiennement, en trois heures de travail, les dix francs nécessaires au paiement de ma pension et de celle de ma femme et de ma fillette. Mais il fallait prendre des arrangements pour que la rédaction du Bulletin ne souffrît pas de mon absence. Je donne quelques extraits d’une lettre de moi et de lettres de Brousse à Kropotkine qui montreront comment se fit la chose. Le 7 juillet, j’écrivais à « Levachof » : « À présent, tout est arrangé pour le Bulletin à Neuchâtel[2]. Ci-joint une lettre arrivée de Berne pour toi. Je pars lundi (9 juillet), et ai encore énormément à écrire ; je ne puis donc allonger ma lettre. Ne manque pas de faire la « Variété » pour le Bulletin, et de l’expédier à Brousse de façon à ce qu’il la reçoive au plus tard dimanche 15 courant. » De Brousse à Kropotkine, le 10 : « Il résulte d’une lettre de James que je dois m’occuper du Bulletin. Il a tout préparé pour ça. Il fait lui-même l’article « Variétés » ; donc ne le fais pas. Mais comme cette semaine j’ai à rédiger l’Arbeiter-Zeitung, l’Avant-Garde, le Bulletin, il faut que tu m’aides. Envoie-moi, pour que je les reçoive dimanche matin au plus tard, une masse de choses ; ce que tu voudras : entre-filets, nouvelles de l’extérieur, etc. Je te quitte pour brasser la besogne. Commande à Pindy vingt casse-gueules pour Berne[3]. Poignées de main. » — Du même à Kropotkine, le 12: « Landsberg me traduit ta lettre. Entendons-nous pour ne pas faire ou des bêtises ou un travail inutile. Pour l’Avant-Garde, tout est fait. Ce numéro (le n° 2) sera emmerdant comme la pluie ; une seule lettre de Paris sera intéressante. Prépare ton bulletin international (toujours pour l’Avant-Garde) en vue du prochain numéro. Pour le Bulletin, comme je te l’ai dit, James fait les « Variétés ». Ne t’en occupe donc pas, mais envoie-moi le plus tôt possible un article de fond. J’ai fait les correspondances de France et d’Espagne, et un article sur la Belgique ; Costa fera une correspondance d’Italie, Werner ou moi des articles sur l’Allemagne et l’Autriche. Si tu as le temps, fais-en sur l’Amérique, l’Angleterre et la Russie. Mais surtout, avant tout, fais-moi un long

  1. On a vu que l’administration du Bulletin, depuis le mois de mars 1876, se trouvait à Sonvillier.
  2. Kropotkine m’avait offert de s’installer à Neuchâtel pendant mon absence, mais la chose ne fut pas nécessaire.
  3. Au Congrès de la Fédération jurassienne, qui devait avoir lieu au commencement d’août à Saint-Imier, on s’attendait à ce que le drapeau rouge serait attaqué. Nos amis de Chaux-de-Fonds, de tempérament belliqueux, s’étaient mis à fabriquer des « coups de poing américains » et des casse-tête en plomb, pour en armer ceux des manifestants qui voudraient s’en munir ; et, comme on le voit, les internationaux de Berne, qui comptaient aller en nombre à Saint-Imier, prenaient leurs précautions pour équiper ceux d’entre eux qui ne l’étaient pas déjà.