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se charger des frais de cette délégation. Je ne me rappelle pas quelle suite fut donnée à cette idée.

Enfin, toujours dans le même numéro, il y avait une communication de la Communauté icarienne du comté de Corning, Iowa, États-Unis, qui proposait la fondation d’une association, l’Union sociale, destinée à mettre en rapport les uns avec les autres tous les groupes de toutes les écoles socialistes. Cette communication fut suivie d’une autre : une lettre, en date du 23 avril, du président de la Communauté icarienne, qui n’était autre que notre camarade Sauva, ancien délégué des sections américaines 2, 29 et 42 au Congrès de la Haye. La lettre accompagnait une brochure de propagande intitulée Icarie, — que le Bulletin analysa avec sympathie[1], — et s’achevait par ces mots qui nous firent grand plaisir :


Si ces quelques lignes tombent sous les yeux des compagnons Guillaume et Schwitzguébel, qu’ils reçoivent les félicitations de leur co-délégué au Congrès de la Haye pour la part qu’ils ont prise dans la célébration du 18 mars à Berne. Salut fraternel. A. Sauva, président de la Communauté icarienne.


Les députés socialistes allemands n’étaient pas encore assez nombreux au Reichstag pour pouvoir déposer des projets de loi : le règlement exigeait que les projets fussent signés par quinze membres, et les socialistes n’étaient que douze. Ils avaient dû en conséquence chercher des alliés pour signer avec eux, et ils en avaient trouvé : démocrates, ultramontains, et danois. Mais les projets qu’ils présentèrent n’avaient aucune chance d’être adoptés, de l’aveu du Vorwärts.

Le Congrès des socialistes allemands fut convoqué, cette année-là comme la précédente, par les députés du parti, sous le prétexte de rendre compte de leur activité parlementaire ; le lieu de réunion fut de nouveau Gotha, et la date choisie le dimanche 27 mai.


En Belgique, Paul Janson, ancien rédacteur de la Liberté, posa sa candidature à la députation. « Espérons, nous écrivit-on, qu’il sera élu, et que l’ouvrier belge verra ce que devient à la Chambre un ancien membre de l’Internationale. » Janson fut élu en effet, à Bruxelles, comme candidat de l’Association libérale ; et la Gazette de Bruxelles eut soin de souligner le fait que le brillant orateur qui entrait au Parlement avec les voix de 5600 boutiquiers, industriels et rentiers, y entrait non comme socialiste, mais comme libéral. « Voilà — fit observer le Bulletin — qui doit singulièrement encourager les ouvriers flamands à se lancer dans la voie de la politique parlementaire. »

Louis Bertrand, le jeune et remuant secrétaire de la Chambre du travail de Bruxelles, avait adressé une lettre au Bulletin pour préciser à sa façon le caractère de la proposition qu’il avait présentée au Congrès de Gand (voir pages 177-178). Bertrand nous écrivait : « Le Congrès n’a pas donné à la motion que j’ai présentée le caractère que vous lui attribuez. Toutes les associations ouvrières représentées reconnaissaient la nécessité de l’agitation politique. Les délégués de Verviers même l’ont reconnue, quoique voulant se cacher derrière une tactique que je n’ai pas comprise, quand ils disaient qu’ils voulaient faire de la politique, mais de la politique négative. La motion présentée par Van Beveren, tendant à l’obligation politique, a été repoussée non parce que les associations ne voulaient pas faire de politique, mais parce qu’elles ne veulent pas y être obligées. »

Le Bulletin répondit (13 mai) :

  1. Cette analyse se terminait par cette conclusion : « Quelles que soient, selon nous, les lacunes et les erreurs de la doctrine icarienne, nous nous sentons le devoir de rendre hommage à l’abnégation et à la persévérance de ces champions du socialisme, dont l’existence n’a été qu’une longue lutte, et qui, malgré les traverses, les déceptions et les obstacles de toute sorte, sont restés jusqu’à ce jour fidèles à leur œuvre ».