Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/569

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Nous recevons le télégramme suivant de Lisbonne, 20 avril :

Les mouleurs de Lisbonne sont en grève. Veuillez aviser la Belgique et la France. — Gnecco.

Le Comité fédéral jurassien, qui remplit provisoirement les fonctions de Bureau fédéral de l’Internationale[1], a immédiatement fait parvenir cette nouvelle à ses correspondants de France et de Belgique, avec prière d’avertir les ouvriers mouleurs de ces deux pays de ne pas aller à Lisbonne.


L’envoi de ce télégramme par les socialistes portugais nous fut particulièrement sensible : nous y vîmes une preuve palpable que, malgré les divergences sur des questions d’organisation et de tactique, la solidarité dans la lutte économique pouvait être pratiquée, et nous sûmes gré au Comité de Lisbonne d’en avoir fourni la démonstration pratique.

Dans ce même numéro du Bulletin se lit cet autre article :


Danemark. — Les deux principaux meneurs du Parti socialiste danois, MM. Louis Pio et Paul Geleff, ont filé pour l’Amérique en emportant la caisse du parti et en laissant des dettes considérables. Voilà ce que disaient il y a quinze jours les journaux bourgeois. Bien que nous n’ayons jamais pris très au sérieux le mouvement socialiste danois, et que la personne de M. Louis Pio, en particulier, ne nous inspirât, d’après les renseignements que nous avaient donné des amis, qu’une très médiocre confiance, nous n’avons pas ajouté foi au premier abord à la nouvelle de la fuite de ces deux personnages. Mais la Tagwacht du 18 courant nous apporte la confirmation du fait, en ajoutant que le Vorwärts de Leipzig contient des détails relatifs à cette colossale escroquerie. Comme le Worwärts a cessé depuis le commencement de ce mois — nous ne savons pour quel motif — de nous envoyer le numéro d’échange[2], nous ne pouvons pas, pour le moment, communiquer à nos lecteurs les détails auxquels fait allusion la Tagwacht. Quoi qu’il en soit, les ouvriers danois sont punis par où ils ont péché : un parti qui se donne des chefs mérite d’être trahi et volé par eux.


Encore dans le même numéro, le Bulletin publiait pour la première fois une correspondance de Montevideo ; c’était une lettre écrite par le Comité de la « Société internationale des ouvriers ». On y lisait entr’autres : « Malgré la crise dont nous souffrons, les ouvriers de Montevideo continuent leur mouvement d’association. La société des ouvriers maçons et celle des charpentiers de rivière sont aujourd’hui des faits accomplis. Le 19 mars les ouvriers charpentiers se sont réunis ; à la suite de cette assemblée, ils ont décidé qu’une réunion de tous les ouvriers qui travaillent le bois aurait lieu prochainement pour créer une association qui, nous l’espérons, formera une section de notre Société. Nous recevons régulièrement le Bulletin, et nous avons bien reçu aussi le Compte-rendu du Congrès international de Berne. Nous vous prions de nous faire adresser quelque bon journal socialiste italien. Quant à des relations avec le Mexique, il ne nous est pas possible d’y songer pour le moment. Le seul but que notre Société puisse se proposer jusqu’à nouvel ordre, c’est de compléter l’organisation ouvrière dans la république de l’Uruguay. »

À la fin de mai, la Fédération espagnole fit parvenir aux autres Fédérations, par l’intermédiaire du Bureau fédéral, la proposition d’envoyer un délégué « pour propager les principes et l’organisation de l’Association internationale des travailleurs dans les républiques de l’Amérique du Sud » ; elle offrait de

  1. On a vu, plus haut, que le Bureau fédéral ne fut nommé qu’à la fin d’avril.
  2. Voir ci-dessus p. 131 et 137.