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che aînée, Blos. Hasenclever fut également élu à Altona ; il opta pour Berlin ; et au second tour de scrutin, le siège d’Altona fut perdu pour les socialistes.

Au scrutin de ballotage, Rittinghausen fut élu à Solingen, et le charpentier Kapell à Heichenbach-Neurode (Silésie); Bebel fut élu une seconde fois, à Dresde : il opta pour cette ville, et Bracke le remplaça à Glauchau-Meerane. Par contre, trois des députés socialistes au Reichstag précédent, Geib, Hasselmann et Vahlteich, ne furent pas réélus.

Les socialistes avaient obtenu douze sièges, tandis qu’aux élections de 1874 ils n’en avaient eu que neuf. Le gain n’était pas considérable ; mais le nombre des voix données aux candidats socialistes avait presque doublé : ce nombre, qui était de 360,000 en 1874, était maintenant de plus de 650,000.

De Mulhouse, on nous écrivit : « Le candidat patriote à Mulhouse était le célèbre philanthrope et industriel Jean Dollfuss, l’ancien candidat bonapartiste de 1869... Dans une réunion d’ouvriers tenue le 5 janvier, la majorité fut pour l’abstention ; un appel aux ouvriers en ce sens fut rédigé, et euvoyé aux trois journaux d’ici, mais aucun ne le publia, pas même le journal officiel, — preuve que les Prussiens aiment encore mieux voir les ouvriers voter pour un candidat de la protestation que s’abstenir. Sur 14,700 électeurs inscrits, 6,500 ont voté, et tous, sauf une cinquantaine, ont donné leur voix à M. Dollfuss. Ainsi, les Allemands ont voté pour le candidat français plutôt que de s’abstenir !... Nos soi-disant républicains recommandaient de voter pour leur ancien adversaire, et trop d’ouvriers s’y sont encore laissé prendre. Mais ils ont vu clair ensuite. Dans les fabriques du candidat, on n’a pas travaillé le 10 janvier pendant une demi-journée, pour que tout le monde pût aller voter : eh bien, une fois Jean Dollfuss nommé, à la paie du 13 janvier on a retenu à tous les ouvriers la demi-journée où ils sont allés voter pour leur patron. C’est bien fait ! »

Dans son numéro du 4 février, le Vorwärts publia les réflexions suivantes sur les élections :

« Nos adversaires confessent leur défaite morale, leur banqueroute intellectuelle, en s’occupant anxieusement de rechercher, par la modification des lois actuelles, un moyen d’arrêter le mouvement socialiste ou au moins d’en briser momentanément la pointe. On propose d’apporter des restrictions au suffrage universel, de rendre le code pénal plus sévère, d’étendre de trois ans à sept ans la durée d’une législature, et par conséquent de renvoyer jusqu’en 1884 les prochaines élections du Reichstag, qui sont déjà un objet de terreur pour nos ennemis. Mais ce sont là les dernières branches auxquelles s’accroche un homme qui se noie, et elles ne peuvent le sauver de la mort inévitable. Nous aussi, nous ferons ce que nous devons faire, et nous terminons par ces paroles, que nous avons dites une fois déjà à nos adversaires : Plus vous croirez nous faire de mal, et plus vous nous ferez de bien. »

Le même jour, notre Bulletin disait, de son côté :


Maintenant que les socialistes allemands, au lieu d’avoir perdu du terrain, comme le prétendait auparavant la presse bourgeoise, ont prouvé qu’ils avaient en trois ans doublé leurs forces, on parle de supprimer en Allemagne le suffrage universel.

Nous avons toujours dit que ce serait la conséquence infaillible de tout succès électoral considérable du parti socialiste. Ce que la réaction a fait jadis en France par la loi du 31 mai 1850, la réaction le répétera en Allemagne quand le moment lui paraîtra venu. Sera-ce déjà cette fois, ou attendra-t-on encore trois ans ? Nous le saurons bientôt.

Une fois le suffrage universel aboli, les socialistes allemands seront obligés de chercher d’autres moyens d’action. Et alors...


Au commencement de mars mourut le vétéran de la démocratie allemande, le Dr Johann Jacoby, de Königsberg. Le Bulletin lui consacra les lignes suivantes :