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fut reprise. Un projet de résolution, résumant les opinions émises dans le débat, fut présenté par Perron, Portillo [Soriano], Sanchez [Viñas], Brousse, Joukovsky, Malalesta, Cafiero, Ferrari. Ce projet, amendé ensuite par Franz, fut mis aux voix et adopté à l’unanimité en la teneur suivante :


Considérant que le respect réciproque relativement aux moyens employés dans les différents pays par les socialistes pour arriver à l’émancipation du prolétariat, est un devoir qui s’impose à tous et que tous acceptent,

Le Congrès déclare que les ouvriers de chaque pays sont les meilleurs juges des moyens les plus convenables à employer pour faire la propagande socialiste. L’Internationale sympathise avec ces ouvriers en tous cas, pour autant qu’ils n’ont pas d’attaches avec les partis bourgeois quels qu’ils soient.


On vient de voir que le texte de cette résolution avait été rédigé, en sa forme définitive, non par un membre de l’Internationale, mais par un membre du Schweizerischer Arbeiterbund (Franz). Le Bulletin (5 novembre) fit ressortir en ces termes cette particularité caractéristique :


La discussion sur cette question conduisit le Congrès à voter, à l’unanimité, une résolution manifestant la sympathie des socialistes de tous les pays pour les prolétaires que la tyrannie de leur gouvernement oblige à tenter des mouvements révolutionnaires[1]. Eh bien, le texte de cette résolution, exprimant la communauté de principes qui unit les diverses organisations ouvrières et le lien qui les rattache les unes aux autres malgré la différence du mode d’action qu’elles doivent adopter dans les divers pays, le texte de cette résolution, disons-nous, a été présenté au Congrès par le citoyen Franz, qui y assistait, comme le citoyen Greulich, à titre de membre de l’Arbeiterbund. Nous tenons à faire ressortir cet incident caractéristique, qui indique clairement que l’entente amicale — ou ce que les Allemands appellent friedlisches Nebeneinandergehn — s’est réellement établie entre l’Arbeiterbund et nous.


L’ordre du jour appelait ensuite la discussion sur la question : « Institution d’une cotisation régulière à verser entre les mains du Bureau fédéral » (proposition espagnole). La résolution suivante, proposée par la commission, fut votée à l’unanimité :


Le Congrès décide :

1° De repousser l’établissement d’une caisse mise à la disposition du Bureau fédéral ;

2° D’établir une caisse internationale de propagande, dont le Bureau fédéral serait simplement dépositaire et dont il ne pourrait pas se servir ;

3° Une partie de cette caisse sera mise à la disposition de la Fédération qui le demandera, si les autres Fédérations, consultées par l’intermédiaire du Bureau fédéral, y consentent.

  1. C’est là, en effet, l’interprétation qu’il faut donner à ce texte, que « les ouvriers de chaque pays sont les meilleurs juges des moyens les plus convenables à employer pour faire la propagande socialiste », et que « l’Internationale sympathise avec ces ouvriers en tous cas ».