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qui jadis avaient marché d’accord avec le Conseil général de New York, devant les citoyens Vahlteich, Greulich, Franz, Gutsmann.

Aucun d’eux n’y a contredit.

Il est donc constaté que la moitié « autoritaire » de l’Internationale n’existe plus.

Seule, la moitié anti-autoritaire existe encore ; bien loin d’être en décadence, elle fait preuve d’une énergique vitalité ; elle peut montrer à tous le terrain gagné et les progrès accomplis.

Puisque la moitié anti-autoritaire de l’Internationale existe seule aujourd’hui, puisqu’il elle seule elle constitue tout ce qui reste de l’Internationale, il est évident qu’elle a le droit de s’appeler l’Internationale, car il n’y a plus personne pour lui contester ce titre.

Voilà pourquoi le Congrès de l’ancienne moitié anti-autoritaire, moitié qui aujourd’hui, par la disparition de l’autre moitié, est devenue le tout, voilà pourquoi, disons-nous, notre Congrès, réunissant dans son sein tous les éléments qui appartiennent encore aujourd’hui à l’Internationale, a pu s’appeler légitimement le huitième Congrès de l’Association internationale des travailleurs.


Nous allons voir maintenant ce qui se passa dans les séances du Congrès de Berne.




VIII


Le huitième Congrès général de l’Internationale, à Berne (26-29 octobre 1876).


Une correspondance envoyée de Berne au Bulletin, le 26 octobre, parle en ces termes de l’ouverture et de la première journée du huitième Congrès général :

« Le restaurant dans lequel siège le Congrès est situé sur la rive droite de l’Aar, au lieu dit Schwellen-Mätteli. Pour y arriver, les délégués sont obligés de passer la rivière sur un bac, car il n’y a pas de pont à proximité. Il faut vous dire que tout local a failli nous manquer pour nos réunions. La commission que les trois sections de Berne avaient nommée pour l’organisation du Congrès s’était adressée à tous les propriétaires de salles en ville, elle n’a reçu que des refus systématiques : il paraît qu’un mot d’ordre avait été donné par la police bernoise, interdisant de louer des locaux aux internationaux, sous la menace qu’à l’avenir toute permission de nuit serait refusée pour des bals publics ou autres circonstances du même genre. Ce n’est qu’après des difficultés de toute espèce que la commission est parvenue à louer le local où nous sommes.

« La salle dans laquelle nous siégeons peut contenir environ deux cents personnes ; elle a été coquettement décorée par les soins de nos amis de Berne ; les parois sont recouvertes de rosaces contenant les noms des différentes fédérations qui composent l’Internationale ; chacune d’elles est entourée d’une couronne de verdure et surmontée de petits drapeaux rouges. Dans le fond de la salle on a disposé une mappemonde ceinte d’un ruban qui porte l’inscription : Association internationale des travailleurs... Le Congrès a tenu aujourd’hui [jeudi 26] deux séances administratives, l’une ce matin et l’autre cet après-midi. Parmi les invités figure un membre du Parti socialiste allemand, député au Reichstag; l’arrivée d’un deuxième nous est annoncée[1]. La plus

  1. Ce deuxième membre du Parti socialiste allemand ne vint pas.