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rons-le. Quant à une reconstitution de l’Internationale sur la base des statuts de 1866, il n’en a jamais été question : en effet, ce serait proposer aux huit Fédérations régionales qui ont fait les statuts de 1873 de se déjuger, et de rentrer dans la vieille ornière d’où elles sont définitivement sorties.


Le Vorwärts du 29 octobre prit acte de notre rectification, mais en soutenant que nous n’avions pas le droit d’appeler le Congrès de Berne « huitième Congrès de l’Internationale ». Le Bulletin répondit ce qui suit le 5 novembre, lorsque déjà le Congrès avait clos ses séances :


Le Vorwärts de Leipzig, du 29 octobre, contient l’entrefilet suivant :

« Le Bulletin de la Fédération jurassienne nous fait observer que le Congrès qui vient de s’ouvrir à Berne n’a pas été convoqué par la Fédération jurassienne seule, mais par les Fédérations espagnole, belge, italienne, et hollandaise.

« Nous acceptons cette rectification. Mais le Bulletin est dans l’erreur lorsqu’il prétend que ce Congrès est le huitième Congrès général de l’Association internationale des travailleurs. L’Association internationale des travailleurs n’a absolument rien à faire avec ce Congrès, qui a précisément pour mission de rechercher les moyens d’effectuer une reconstitution de cette Association, ou un rapprochement. »

Il faudrait pourtant s’entendre, et ne pas perpétuer les équivoques. Trois mots d’histoire vont établir clairement la situation.

[Le Bulletin rappelle ensuite que le cinquième Congrès général de l’Internationale fut celui de la Haye, en 1872. Les Fédérations anti-autoritaires tinrent l’année suivante un Congrès à Genève ; elles y abolirent l’institution du Conseil général et revisèrent les statuts : ce fut le sixième Congrès général. Le septième Congrès général fut celui de Bruxelles, en 1874, où furent représentées l’Angleterre, la Belgique, la France, la Suisse, l’Italie, l’Espagne, et des sections allemandes. En 1875, vu la situation critique où se trouvait le socialisme en Italie et en Espagne, le Congrès général fut supprimé à la demande des Espagnols. Donc, le Congrès qui s’est réuni à Berne en octobre 1876 a été le huitième Congrès général de l’Internationale. Il est vrai que les adhérents du Conseil général de New York avaient tenu de leur côté un Congrès à Genève en septembre 1873 ; mais, en présence de leur insuccès, ils avaient déclaré à l’avance qu’ils renonçaient à se réunir en 1874. En 1875, ils n’ont pas eu de Congrès ; l’année 1876 va finir, ils n’ont toujours pas eu de Congrès[1]. Et le Bulletin conclut ainsi :]

En présence de cet état de choses, en présence des renseignements positifs que nous possédons sur la situation des groupes qui composaient ou qui étaient censés composer la moitié « autoritaire » de l’Internationale, nous pouvons déclarer que la moitié autoritaire de l’Internationale n’existe plus.

Cette déclaration, elle a été faite par nous à Berne devant des hommes

  1. À ce moment, nous n’avions pas encore entendu parler de la Conférence réunie à Philadelphie le 15 juillet 1876, qui déclara que le « Conseil général de l’Association » était dissous (voir ci-dessus pages 49-50)