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Dans son numéro du 11 octobre, le Vorwärts de Leipzig, organe central du Parti socialiste d’Allemagne, s’exprime comme suit à propos du Congrès :

« Le Congrès ouvrier international convoqué par la Fédération jurassienne s’ouvrira le 26 octobre. »

Le Congrès de Berne ne sera pas simplement « un Congrès ouvrier convoqué par la Fédération jurassienne » ; ce sera le huitième Congrès général de l’Internationale. Ce Congrès n’est pas convoqué par la Fédération jurassienne : il a lieu ensuite d’un vote auquel ont participé les Fédérations espagnole, italienne, belge, hollandaise et jurassienne ; et si la circulaire de convocation est partie de la Chaux-de Fonds, c’est parce que le Bureau fédéral de l’Internationale siège actuellement dans la Fédération jurassienne, ensuite d’une décision votée en 1874 par le septième Congrès général (Congrès de Bruxelles) et confirmée une année plus tard par un vote des Fédérations régionales.

Dans son numéro du 13 octobre, le Vorwärts publie une lettre de la « Section internationale de Zurich », signée de Greulich et de quatre autres citoyens[1]. Cette lettre demande que le Congrès de Berne abandonne les statuts actuels de l’Internationale, statuts revisés par le Congrès de Genève en 1873, et en revienne aux anciens statuts de 1866[2].

... Nous avons proposé, à ceux des anciens membres de l’Internationale qui s’étaient séparés de nous lors du Congrès de la Haye (1872), un rapprochement « sur le terrain des principes de l’Internationale, tels qu’ils sont formulés à l’article 3 des statuts généraux revisés au Congrès de Genève de 1873 », c’est-à-dire sur la base de l’autonomie des groupes. Cette base nous semble assez large pour pouvoir satisfaire chacun. Nous n’avons nullement prétendu par là imposer aux dissidents l’obligation d’entrer dans l’organisation votée au Congrès de Genève, et d’accepter pour leur propre compte tous les articles des statuts de 1873. Nous avons voulu dire que l’Internationale, reconstituée en vertu des statuts de 1873, désire la fin des querelles entre socialistes, et propose, à ceux qui sont restes en dehors de notre organisation, non une fusion, mais un rapprochement amical.

Cet appel a trouvé de l’écho en Allemagne. Des socialistes allemands viendront à Berne, mais non comme délégués, — ils ne le pourraient pas pour deux raisons : d’abord parce que la législation allemande s’y opposerait ; et ensuite parce que l’organisation à laquelle ils appartiennent n’est pas la même que celle qui va se réunir en Congrès à Berne, et que des personnes étrangères à cette dernière ne sauraient siéger à ce Congrès comme délégués avec voix délibérative. Les socialistes allemands qui viendront à Berne y viendront comme hôtes, comme invités, comme amis : ils y viendront pour rencontrer les représentants de ces fédérations anti-autoritaires qui ont été pendant longtemps en butte aux attaques des amis de Karl Marx. Que sortira-t-il de ce rapprochement ? Une entente, espé-

  1. Il s’agit d’un groupe qui se rattachait à l’ex-Conseil général de New York. Il y avait d’autre part à Zürich une Section internationale de langue française et une Section internationale de langue allemande, appartenant toutes deux à la Fédération jurassienne.
  2. C’est-à-dire qu’elle demandait le rétablissement d’un Conseil général.