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Et voici comment nous répondent les auteurs de la lettre allemande venue de Genève et publiée dans la Tagwacht :

« Dans tout ce bourdonnement d’union et de conciliation, bien fait pour tromper la sentimentalité et égarer le cœur, nous voyons tout simplement les Bakounistes à l’œuvre[1] une fois de plus, pour venir, consciemment et inconsciemment, provoquer comme toujours et partout la discorde et la désorganisation, au lieu de l’organisation et de l’union, et apporter dans le mouvement ouvrier la division et la dispute au lieu de la conciliation et de la paix. » (Traduction textuelle.)

Il y a donc à Genève des irréconciliables. Tant pis pour eux. Ils n’empêcheront pas le Congrès de Berne d’affirmer la nécessité et de prouver la possibilité pratique du rapprochement désiré par tous les vrais amis de la cause du travail.


Dans son numéro suivant, le Bulletin ajoutait :


Notre dernier numéro était déjà imprimé lorsque la Tagwacht du 21 courant nous a apporté la seconde partie de la lettre du « Comité central du groupe des sections internationales de langue allemande ». Nous avons appris alors, par les signatures, que ce Comité se compose des citoyens J.-Ph. Becker, G. Wilhelm, et Warzner.

Comme notre numéro d’aujourd’hui (29 octobre) ne paraîtra qu’après le Congrès, c’est-à-dire après que la question de possibilité pratique du rapprochement des diverses fractions aura déjà reçu une solution, nous croyons inutile de nous occuper davantage de ce document.


Le Bulletin, toutefois, reparla un peu plus tard (le 31 décembre) de ce factum, dont J.-Ph. Becker venait de publier une édition française. Il en cita la phrase suivante, où était repoussée notre proposition de rapprochement : « Comment pourrions-nous, ayant des divergences d’opinion aussi profondes, faire de nous la risée du monde entier en voulant concilier l’eau et le feu, et laisser entraver notre marche en introduisant au milieu de nous des lumières trompeuses, capables d’introduire parmi nous l’erreur et la confusion !... Par conséquent, il faut mettre fin aussi promptement que possible à toutes ces velléités sentimentales de conciliation. » Le Bulletin ajoutait :


Dans ce document, le vieux patriarche Becker parle aussi de l’organisation d’une nouvelle Internationale, organisation dont il a modestement songé à prendre l’initiative. « Mais, ajoute-t-il, pour cette refonte de l’Internationale, les anciens débris ne peuvent plus servir. »

Vous allez peut-être croire que les anciens débris dont il est question, ce sont ces hommes d’un autre âge, dont les inoubliables rancunes, datant d’une époque où nous n’étions pas nés, ont fait tant de mal à notre cause ?

Pas du tout, les anciens débris, pour le papa Becker, ce sont les anti-autoritaires, les jeunes socialistes de 1876.

Bien trouvé, n’est-ce pas ?


Le Vorwärts, le nouvel organe des socialistes allemands, annonça la prochaine ouverture du Congrès de Berne en des termes qui nécessitèrent de notre part une rectification, afin d’éviter tout malentendu. Le Bulletin du 22 octobre publia donc les lignes suivantes :

  1. Allusion au pamphlet d’Engels de 1873, Die Bakunisten an der Arbeit.