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de-Fonds, les 6 et 7 août 1876, a décidé d’envoyer un salut fraternel au Congrès des socialistes allemands à Gotha.

Nous savons que les lois actuelles ne permettent pas aux travailleurs de l’Allemagne de former avec leurs compagnons des autres pays une organisation internationale ; mais nous savons aussi que chez les travailleurs allemands le sentiment de la solidarité qui doit exister entre les prolétaires des diverses contrées est aussi vif que partout ailleurs. Si donc nous ne pouvons pas être unis par les liens d’une association formelle, nous pouvons au moins échanger des témoignages de sympathie et des vœux pour la réalisation de notre but commun.

Dans ces dernières années, des dissidences d’opinion, qui trop souvent ont dégénéré en querelles regrettables, ont existé, non seulement entre les groupes socialistes d’un pays à l’autre, mais encore entre des groupes du même pays. Cette division nuisait beaucoup au progrès de notre propagande. Vous avez, frères d’Allemagne, donné un grand exemple : les socialistes de l’Allgemeiner Deutscher Arbeiter-Verein et ceux du parti d’Eisenach, abjurant leurs inimitiés passées, se sont tendu la main. L’œuvre de conciliation que vous avez si heureusement inaugurée chez vous par ce rapprochement de deux fractions jadis hostiles peut et doit être continuée partout. Dans tous les groupes que nous représentons, le besoin en est vivement ressenti ; et les socialistes de diverses nations qui, le 3 juillet 1876, à Berne, sur la tombe de Michel Bakounine, ont recommandé l’oubli de vaines et fâcheuses dissensions passées, ont exprimé notre vœu le plus cher. Oui, nous croyons que, tout en gardant leur programme et leur organisation spéciale, les diverses fractions du parti socialiste peuvent établir entre elles une entente amicale, qui leur permettra à toutes de concourir plus efficacement à la réalisation de notre but commun : l’émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes.

Nous sommes persuadés, compagnons, que vous recevrez la présente adresse avec les mêmes sentiments de sincère fraternité qui nous l’ont dictée, et nous vous présentons nos meilleurs souhaits pour la réussite des travaux de votre Congrès.

Salut et solidarité.
Au nom du Congrès jurassien,

Le bureau : Ali Eberhardt, Voges, R. Kahn, H. Ferré[1].


Le Bulletin du 20 août publia l’avis suivant : « La Section de Neuchâtel, dans sa séance du 14 courant, a accepté le mandat que lui a confié le Congrès de la Chaux-de-Fonds, d’élire le Comité fédéral jurassien pour l’année 1876-1877, et a composé ce Comité des cinq membres suivants : Gabriel Albagès, Auguste Favre, Auguste Getti, James Guillaume, Fritz Wenker ». — Dans sa première séance, le 17 août, les membres du Comité répartirent entre eux la besogne comme suit : secrétaire correspondant, G. Albagès ; secrétaire des séances, J. Guillaume ; caissier, F. Wenker ; caissier adjoint, Aug. Favre. Albagès, ayant quitté, en octobre, Neuchâtel pour la Chaux-de-Fonds, où il alla travailler comme peintre en bâtiment, fut remplacé au Comité par Gustave Jeanneret : je devins alors secrétaire correspondant, et G. Jeanneret secrétaire des séances. Getti quitta Neuchâtel en avril 1877, et fut remplacé par Henri Robert, faiseur de ressorts, qui avait été mon élève à l’École industrielle du Locle en 1868-1869.

  1. Voir la réponse à cette Adresse p. 72.