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Dans ce que dit la Tagwacht du sens que donnent les Allemands à leur activité parlementaire, et de l’absurdité qu’il y a à se figurer qu’une nouvelle société puisse éclore de toutes pièces en un seul jour de crise révolutionnaire, nous trouvons des choses parfaitement justes et vraies, que du reste nous avons toujours dites nous-mêmes. Aussi, quand on consentirait à mettre de côté les injures et les récriminations, pour discuter avec sang-froid et avec le désir sincère de comprendre ce que disent les adversaires, nous pensons qu’on arriverait facilement à s’entendre, et à s’apercevoir que, sans demander à aucune fraction le sacrifice de son organisation spéciale et de sa propagande, on peut vivre en paix et même s’entr’aider. Malgré tout, nous persistons à croire que les injures ne sont plus de saison ; que les journalistes qui, aujourd’hui, continuent encore à en écrire, s’apercevront enfin que leur montre retarde ; et que l’instant est plus proche qu’on ne le panse, peut-être, où ceux qui ont craché à la figure des soi-disant bakounistes tous les gros mots de leur vocabulaire, regretteront d’avoir si mal employé leur temps.


Le n° 2 de l’Arbeiter-Zeitung parut quinze jours après le premier, et voici un entrefilet du Bulletin à son propos :


Dans son second numéro, paru le 29 juillet, l’Arbeiter-Zeitung a répondu en très bons termes au compliment de bienvenue fort peu fraternel dont l’avait honoré le rédacteur de la Tagwacht ; et, de l’aveu des lecteurs des deux journaux dont nous avons pu consulter l’opinion, ce n’est pas la Tagwacht qui garde l’avantage dans cette polémique regrettable. Nous avons entendu beaucoup d’ouvriers allemands critiquer en termes fort vifs la manière dont la Tagwacht traite toute ce qui n’appartient pas à son petit cénacle, et le peu d’esprit de conciliation dont elle fait preuve.

Pour nous, nous le répétons, la conciliation est à nos yeux chose facile et ne demandant pas grands sacrifices : Qu’il soit convenu que chacun garde sa liberté d’action et le droit de propager le programme qui lui paraît le meilleur, sans qu’on lui en fasse un crime et qu’on le signale comme un traître, — et tout est dit.


Pour chercher à remédier aux effets de la propagande socialiste sur les ouvriers de langue italienne à Berne, quelques patrons de cette ville avaient fait venir de Lucerne un capucin qui, après avoir réuni un auditoire de maçons et de terrassiers tessinois et italiens, lui fit une conférence religieuse. Mais des membres de l’Internationale, qui attendaient les auditeurs à la sortie, les invitèrent à une contre-conféreuce, à laquelle le capucin n’osa pas se présenter : et l’effet de la prédication fut détruit. Le 15 juillet, les trois sections de Berne se réunirent en assemblée générale (c’était le jour de l’apparition de l’Arbeiter-Zeitung), et l’on put constater, par le nombre des assistants, les progrès que l’Internationale avait faits dans la ville fédérale.

La Section de Lausanne eut l’excellente idée d’ouvrir une souscription au profit de la délégation ouvrière de Paris à l’Exposition de Philadelphie, et d’inviter les ouvriers d’Allemagne à s’associer à cette œuvre de solidarité. Le secrétaire de la section écrivit à cet effet à Liebknecht pour lui demander s’il consentirait à prêter son concours à une manifestation de ce genre. Liebknecht répondit affirmativement ; il engagea la Section de Lausanne à rédiger un appel fait au nom des ouvriers de la Suisse et qui serait adressé aux ouvriers allemands ; il terminait sa réponse en disant : « Croyez, chers compagnons (Parteigenossen), que je ferai tout ce que je pourrai pour rétablir l’union du mouvement prolé-