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tions minutieuses sur les voyageurs dans les trains de chemin de fer. Mais tout le monde sait maintenant à quoi s’en tenir sur cette mise en scène, et on ne fait qu’en rire. Le socialisme, sans s’inquiéter de ces clameurs et de ces tracasseries, continue son œuvre de propagande et de groupement. »

Le Congrès provincial de la Romagne et de l’Émilie eut lieu le dimanche 16 juillet à Bologne. Entre autres résolutions, il décida la publication d’une Vie populaire de Michel Bakounine, et chargea de sa rédaction la fédération de Bologne[1]. Les sections et fédérations représentées à ce congrès étaient celles de Bologne, Forli, Forlimpopoli, San Leonardo, Sant’Andrea, Carpinello, San Pierino in Campiano, Campiano, San Zaccaria, San Stefano, coccolia, Sant’Arcangelo, Imola, Reggio d’Emilia, Modène, Budrio, Faenza, Persiceto, Ravenne, Rimini, Medicina, Castel Guelfo, Castel San Pietro, Mirandola. La commission fédérale pour la Romagne et l’Émilie fut placée à Imola. Le procès-verbal du congrès fut imprimé en une petite brochure, ainsi que celui du second congrès de la fédération toscane, qui se réunit à Florence le 23 juillet.

De ce second congrès, le Bulletin dit : « Les sections représentées étaient Florence (trois sections), Livourne, Pise, Sienne, Pontassieve, Prato, Montevarchi, Poggibonsi, Carrare, Pontedema et Cecina. La commission de correspondance pour les sections toscanes a été placée à Sienne, la commission de statistique et de propagande à Livourne. Un journal hebdomadaire, qui s’appellera le Nuovo Risveglio, et qui servira d’organe à la fédération toscane, va se publier à Livourne. »

Six autres fédérations encore s’étaient reconstituées ou étaient en voie de reconstitution : la fédération de la Sicile et de Naples, la fédération romaine, la fédération des Marches et de l’Ombrie, la fédération vénitienne, la fédération lombarde, la fédération sarde et piémontaise.


En juillet, on entendit parler du projet d’un Congrès ouvrier qui serait convoqué à Paris au retour de la délégation ouvrière envoyée à l’Exposition de Philadelphie. Nous accueillîmes l’idée avec sympathie : c’était la première manifestation publique d’une renaissance du mouvement socialiste dans la masse qui avait si longtemps paru inconsciente ou terrorisée. Bientôt fut publiée la circulaire convoquant le Congrès pour le 2 septembre: sur les dix signataires, un seul, le graveur Chabert, avait quelque notoriété. Le Congrès devait se composer « de délégués dûment mandatés de corporations et d’associations ouvrières de toutes les villes de France ». Parmi les huit questions formant l’ordre du jour figuraient : « les chambres syndicales », « les conseils de prudhommes », et « la représentation directe du prolétariat au parlement ».


De Belgique, notre Bulletin (29 juillet) donna la nouvelle suivante : « Un mouvement se produit à Gand, à Anvers, et dans d’autres villes flamandes, en faveur de la suppression du travail des enfants dans les fabriques. Il s’agit d’une pétition que les ouvriers sont invités à signer pour obtenir une loi sur cette matière. » Cette campagne de pétitionnement allait avoir un fâcheux résultat, celui de produire un déchirement dans l’Internationale belge : car les ouvriers socialistes de la Belgique wallonne ne voulurent pas s’associer à une démarche qui était en contradiction avec toutes leurs traditions révolutionnaires. Je reviendrai plus loin sur cette question.


De Russie, nous reçûmes en juillet et août une mauvaise et une bonne nouvelle.

Ross avait heureusement effectué son voyage de Russie ; et il était en route pour revenir en Suisse, lorsque, vers la fin de mai, il fut arrêté à la frontière russe à la suite d’une dénonciation, et conduit à Pétersbourg où il demeura

  1. Ce fut Costa qui écrivit cette Vita di Michèle Bacunin ; le commencement seulement (48 p.) en fut publié, et parut en livraisons à Bologne en 1877 ; elle devait former le premier volume d’une Biblioteca del Martello.