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« Quand l’Allemagne sera l’Allemagne, Bakounine y aura un autel », écrivait Michelet.

Ne réclamons d’autel pour personne, et disons tout simplement : « Quand le prolétariat allemand aura pris suffisamment conscience de lui-même, il ne permettra plus qu’on insulte Bakounine ».




V


De la première quinzaine de juillet 1876 jusqu’au Congrès jurassien
des 6 et 7 août 1876.


On commençait à se préparer, dans les diverses fédérations de l’Internationale, au Congrès général de 1876. La Commission fédérale espagnole adressa au Bureau fédéral, à la Chaux-de-Fonds, dans la première moitié de juillet, une lettre (publiée dans le Bulletin du 16 juillet) disant :

« Nous proposons pour l’ordre du jour du prochain Congrès général les deux questions suivantes : 1° De la solidarité dans l’action révolutionnaire ; 2° Revision des statuts généraux.

« Il serait très désirable, pour que la délégation espagnole, qui doit présenter au Congrès général le résultat des conférences comarcales, puisse être plus nombreuse, que ce Congrès fût retardé d’un mois et s’ouvrît seulement le premier lundi d’octobre. Nous croyons qu’il n’y aurait pas d’inconvénient à ce changement de date, d’autant plus que, l’ordre du jour n’ayant pas encore été publié, il est convenable qu’il soit laissé aux Fédérations régionales le temps nécessaire pour l’étudier. »

Les propositions de la Fédération régionale espagnole furent aussitôt transmises aux autres Fédérations régionales par le Bureau fédéral. Le Comité fédéral jurassien invita les Sections jurassiennes à lui faire connaître, avant la fin de juillet, leur opinion sur la proposition d’ajournement ; toutes les sections de la Fédération se prononcèrent pour l’affirmative (Bulletin du 6 août).


Une correspondance de Costa (signée Y.) donne au Bulletin (numéro du 23 juillet) les nouvelles suivantes de l’Internationale italienne :

« Le travail de réorganisation commencé en Italie marche grand train. La Commission régionale de correspondance vient de publier une circulaire (1er juillet) invitant les sections et fédérations à reprendre leurs relations interrompues, et à se préparer pour un prochain Congrès régional. Les sections et fédérations de la Romagne et de l’Émilie célébreront dans peu de jours leur second congrès provincial, qui sera suivi de ceux de la fédération des Marches et de l’Ombrie et de la fédération toscane.

« La désorganisation du parti républicain mazzinien est actuellement au comble, et cela facilite l’œuvre de l’Internationale. Ce parti est devenu maintenant, en grande partie, un appendice du parti monarchique constitutionnel ; attendu que, abandonnant le terrain révolutionnaire, il veut être désormais un parti d’ordre, un parti d’opposition légale. Le peuple, qui l’avait déjà abandonné, le prend maintenant en pitié. Les mazziniens purs peuvent à présent se compter sur les doigts ; et ce qui était jadis un grand parti national n’est plus qu’une étroite secte religieuse, dont les adeptes voient chaque jour leurs rangs s’éclaircir. La réorganisation de l’Internationale portera le dernier coup au mazzinianisme.

« Les journaux bourgeois mettent en œuvre tous les moyens possibles pour préparer au ministère de gauche le terrain pour de nouvelles persécutions contre les socialistes : ils parlent de bandes armées, qui n’existent que dans leur imagination, et cherchent à jeter la terreur dans les consciences timorées des honnêtes bourgeois, en les entretenant de pétrole ou de liquidation sociale. Le gouvernement donne la main à ces manœuvres, et fait faire des perquisi-