Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

monarchique, devient légitime quand elle est faite auprès d’un gouvernement républicain ? Est-ce que le gouvernement suisse, malgré ses formes démocratiques, n’est pas, tout comme le gouvernement autrichien, l’organe et le représentant de la bourgeoisie ?

Nous traduisons, pour l’édification de nos lecteurs, la conclusion de ce document :

« ... La plus grande question de ce siècle, la question entre le capital et le travail, entre la richesse qui jouit et le travail qui souffre, n’a pas besoin, pour sa solution, des violentes tempêtes dont quelques-uns veulent prédire l’approche. Au moyen de nos institutions républicaines, nous pouvons parfaitement concilier cette opposition par la voie des réformes progressives. Donnons au monde, dans cette question comme dans les autres, cet éclatant exemple, qu’un peuple libre sait résoudre d’une façon calme et satisfaisante même les questions les plus compliquées, grâce à l’esprit républicain de ses citoyens. Agréez l’assurance de notre profond respect. »

Triste! triste ! triste !


Le Bulletin du 4 octobre contenait un appel de la Section de Berne invitant les sections de la Fédération jurassienne, conformément à la décision prise à Saint-Imier le 9 août, à une réunion familière dont la date était fixée au dimanche 12 octobre. « On se réunira, disait l’appel, le matin à onze heures au premier étage du restaurant Grünegg, au coin de la rue Neuve et de la place des Orphelins ; à midi, repas en commun ; à deux heures, ouverture de l’assemblée. » Les délégations vinrent nombreuses, du Locle, de la Chaux-de-Fonds, de Neuchâtel, de Sonvillier, de Saint-Imier, de Corgémont. Le matin, il y eut échange d’idées entre les internationaux présents sur diverses questions administratives, comme l’agrandissement du format du Bulletin (proposition de Neuchâtel) et l’organisation du Bureau fédéral international, confiée pour l’année 1874-1875 à la Fédération jurassienne par le Congrès de Bruxelles. La réunion de l’après-midi choisit pour président, « en témoignage de sympathie pour les ouvriers espagnols », le compagnon Fournier, de Barcelone, de passage à Berne ; les assesseurs furent Selig, de Berne, et Schwitzguébel, de Sonvillier. Un télégramme de la Section récemment reconstituée à Vevey (et, ce jour-là, réunie en assemblée à Clarens) nous apporta un souhait révolutionnaire et une assurance de solidarité. Une grande assemblée ouvrière était réunie à ce même moment à Zürich ; nous lui adressâmes, par le télégraphe, un salut fraternel, « afin d’exprimer une fois de plus la solidarité que l’Internationale entend pratiquer à l’égard de tous les groupes ouvriers ». Une lettre de sympathie fut écrite séance tenante au Grutléen Moham, de Saint-Gall, pour le féliciter d’avoir, au sein d’une assemblée radicale, « affirmé la nécessité de résoudre la question sociale par voie internationale » (p. 246). La réunion choisit comme thème de discussion la question des services publics : Schwitzguébel résuma ce qui avait été dit au Congrès de Bruxelles ; parlèrent ensuite Brousse, moi, et Pindy. Le débat fut suivi avec une attention soutenue : « Chacun sentait qu’il s’agit d’un grave problème à étudier, et que, depuis la question de la propriété collective, l’Internationale n’a pas vu de discussion plus importante s’élever dans son sein ». L’accueil fait par les camarades bernois à leurs hôtes d’un jour nous toucha vivement, et nous reprîmes le chemin de fer, le soir, en emportant « la certitude que l’Internationale était cette fois implantée définitivement à Berne ».

Par un vote fait dans les Sections, la Fédération jurassienne décida que le Bureau fédéral international serait placé au Locle, et composé d’un secrétaire correspondant, d’un caissier, et d’un secrétaire pour les grèves : les trois membres élus furent Louis Pindy, Auguste Spichiger et Charles Bichard ; en outre,