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qui sont restés en dehors de nos rangs, les bases réelles de cette organisation, et le but que nous nous proposons d’atteindre.

... Le système moderne de production capitaliste devait infailliblement donner naissance à l’Internationale... Le capital... n’est ni français, ni allemand, ni anglais, ni italien, ni espagnol ; il n’est pas latin, ni germain, ni slave... Le patriotisme des bourgeois n’est plus qu’une grossière plaisanterie pour tromper les naïfs.

... Les questions qui, dans la première période de l’existence de notre Association, préoccupèrent généralement l’Internationale, furent: l’organisation des sociétés ouvrières et des grèves, l’augmentation des salaires, la réduction des heures de travail, les restrictions à l’emploi des femmes et des enfants dans les manufactures, la question des machines, les questions relatives à la coopération et au crédit... Cependant la situation générale des classes ouvrières restait misérable... Faudra-t-il donc toujours tourner dans le même cercle vicieux ? Cette pensée se fait jour partout, et de toutes parts on cherche une solution... La bourgeoisie a toute liberté et possibilité de dominer et d’exploiter les ouvriers, parce qu’elle est propriétaire exclusive de l’instrument du travail, du capital. La question de la propriété est ainsi le nœud gordien de la question sociale : pour résoudre celle-ci, il faut résoudre la première. Les Congrès de l’internationale tenus à Bruxelles (1868) et à Bâle (1869) abordèrent successivement cette question, et la résolurent dans le sens de la propriété collective. Pour le monde bourgeois, l’Internationale devint désormais le grand épouvantait...

La propriété collective fut donc reconnue par l’Association internationale des travailleurs comme la base de toute réforme sociale sérieuse...

C’est alors que, comme un coup de foudre, éclata la guerre franco-allemande... Et lorsque, après tous les désastres que venait de subir la France, la nouvelle Assemblée nationale française se réunit à Bordeaux, elle ne sut que provoquer les colères populaires en prenant des mesures aussi vexatoires que stupides... Le cri de ralliement des gardes nationaux, celui au nom duquel se fit la révolution du 18 mars 1871, c’est Vive la Commune ! Ce cri populaire nous révèle les aspirations du prolétariat parisien. L’État centralisé... devait disparaître... Le peuple de Paris veut aussi commencer la réalisation de l’émancipation des travailleurs. Les manifestes de la Commune le disent nettement: « Ce que Paris veut en fin de compte, c’est la terre aux paysans, l’outil à l’ouvrier, le travail pour tous ».

... Nous ne retracerons pas les péripéties de la bataille de deux mois qui finit par le massacre des défenseurs de la Commune. Cette page épouvantable de notre histoire contemporaine a rendu désormais toute conciliation impossible entre la bourgeoisie et le peuple : un fleuve de sang les sépare à tout jamais.

Si la Commune de Paris vit s’ameuter contre elle toutes les haines du monde bourgeois, elle éveilla aussi d’ardentes sympathies ; le prolétariat de tous les pays comprit aussitôt la portée de la révolution du 18 mars...

Ce fut l’honneur de l’Internationale d’avoir compris la révolution du 18 mars et de s’en être rendue solidaire...

Un groupe d’hommes était parvenu à constituer peu à peu dans l’Internationale un parti... Ces hommes-là, partisans de la conquête du pouvoir