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il donne, on terminant, une appréciation d’ensemble sur les travaux des délégués réunis à Bruxelles :

« Dans la dernière séance administrative, des mesures ont été adoptées pour que la Fédération jurassienne, chargée l’an dernier de la publication du Compte-rendu du Congrès de Genève, puisse rentrer dans les déboursés faits pour cette entreprise.

« On a décidé l’impression des travaux du présent Congrès. Un délégué voulait qu’on se bornât à les résumer. On lui fit observer que, si imparfaits que puissent être les travaux du Congrès, ne pas les publier serait enlever une page à l’histoire des Congrès de l’Internationale, et que ce défaut rendrait obscur le point de départ des délibérations du prochain Congrès général. Pour éviter des frais considérables, il fut résolu que le Compte-rendu officiel serait imprimé dans le Mirabeau, et que les fédérations le feraient tirer en brochure, en autant d’exemplaires qu’elles le voudront. Chaque fédération avisera le Conseil régional belge du nombre d’exemplaires qu’elle voudra se procurer. Une commission, composée des compagnons Verrycken, Paterson et De Paepe, est chargée de coordonner les travaux du Congrès avant de les livrer à la publicité. Le Manifeste sera imprimé en premier lieu.

« La Fédération jurassienne est chargée de l’organisation du Bureau fédéral international pour l’année 1874-1875.

« Si la situation en Espagne y rendait possible la tenue du prochain Congrès général, il aura lieu dans ce pays, à Barcelone. Dans le cas contraire, il se réunira dans le Jura suisse.

« Le Bureau fédéral sortant de charge s’entendra avec les fédérations pour la répartition des frais du Congrès de Bruxelles.

« Tels, ont été, en résumé, les travaux du septième Congrès général de l’Internationale. L’action publique de l’Internationale est rendue impossible en France, en Espagne, en Italie, en Russie, et le devient chaque jour davantage en Allemagne ; et cependant cette Association continue à s’affirmer, et, alors qu’une réaction impitoyable se déchaîne dans tous les grands États, presque tous les pays sont néanmoins représentés au Congrès. La presse bourgeoise peut chanter triomphe sur la mort prétendue de l’Internationale : la grande Association marche d’un pas toujours plus sur dans la voie révolutionnaire, qui seule, peut désormais affranchir le travail de la domination du capital. »


Le Manifeste adressé à toutes les associations ouvrières et à tous les travailleurs par le Congrès général de l’Association internationale des travailleurs tenu à Bruxelles du 7 au 13 septembre 1874 est un document très intéressant, qui résume d’une façon claire l’histoire de l’Internationale et l’évolution des idées au sein de l’Association. En voici les passages essentiels :


... En adressant ce Manifeste aux associations ouvrières et aux ouvriers de tous les pays où a éclaté la lutte entre le travail et le capital, le Congrès vient affirmer solennellement la vitalité du mouvement ouvrier, en dépit de toutes les persécutions bourgeoises et gouvernementales...

L’Internationale, pour devenir une organisation embrassant réellement les intérêts populaires, ne pouvait pas être le produit d’un système préconçu, mais elle devait se développer selon les expériences faites et à faire. Ce travail de développement a donné lieu, au sein de notre Association, à des luttes qui furent naturellement interprétées, par la presse bourgeoise, comme une cause de ruine pour l’Internationale, et qui, dans certains pays, éloignèrent de notre pacte universel de solidarité quelques associations ouvrières. Aujourd’hui que l’Internationale, ayant mis fin à ces luttes intestines, a consacré le principe fondamental d’organisation sur lequel elle repose, nous avons le devoir d’expliquer, à nos compagnons ouvriers