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des services publics qui sont rationnellement dans les attributions de chacun de ces organes de la vie collective.


Schwitzguébel n’a pas analysé ici rapport de la Section de propagande de Genève. Ce rapport, qui, six semaines après le Congrès, parut en une brochure (32 pages, aux bureaux de la Revue socialiste, Genève)[1], indiquait comme services publics : la statistique, la conservation et la répartition des produits naturels, l’enseignement public, l’hygiène, les relations sociales (c’est-à-dire l’échange ou la distribution des produits), la sécurité publique et individuelle, la défense. Le rapport prévoyait — détail caractéristique — le maintien d’une armée de terre, pour « surveiller la sécurité des frontières de la fédération », et d’une marine de guerre oour « faire la police des mers » ; il indiquait aussi, en ces termes, « par qui » devraient être faits les services publics : « Sans doute, et plus que jamais même, il faudra, pour diriger les services publics au mieux des intérêts individuels et collectifs, des hommes d’une capacité véritable... ; mais il ne nous paraît nullement nécessaire que ces hommes sortent exclusivement d’écoles spéciales ; grâce à l’instruction intégrale donnée à tous, les hommes à capacités spéciales pourront se produire tout aussi bien, pensons-nous, sinon mieux, que dans les écoles bourgeoises. Puis, la capacité une fois constatée, le suffrage direct des intéressés n’aura plus qu’à choisir entre les candidats. »

Quant au rapport de Heigne-sous-Jumet, c’était un document très court et sans importance.

« Dans la séance privée du mardi soir, la discussion roula essentiellement sur ce qu’il faut entendre par services publics. L’un des délégués allemands au Congrès, Faust, émit l’opinion que la société nouvelle devant être fondée sur la production, opérée par les associations de travailleurs, il ne voyait pas la différence qu’il y avait à établir entre les services rendus par les cordonniers, les terrassiers, les ouvriers des chemins de fer ; tous rendent des services à la société, par conséquent toutes les branches du travail deviennent services publics.

« Frohme parla sur le fonctionnarisme. Aujourd’hui, les fonctionnaires chargés de l’administration des services publics appartiennent généralement à la catégorie des gens robustes, mais qui aiment une vie et un travail faciles, tandis que les faibles sont surchargés de travaux écrasants. Dans la société future, les charges devront être mieux réparties selon les aptitudes de chacun.

« Bastin parla sur la question de surveillance. Son opinion n’est pas éclairée sous ce rapport. Il conçoit que les services publics doivent être exécutés par les travailleurs et les associations de producteurs, mais il faut une surveillance qui garantisse les intérêts généraux. Il faudrait que cette question fût bien élucidée.

« De Paepe, combattant le point de vue exposé par Faust, objecta qu’il y avait une différence essentielle à établir, et s’efforça de le démontrer. Il y a des services ou des occupations purement intimes ou individuels, se rattachant à la vie de famille ; il y en a qui ne sont plus individuels ou restreints à la famille, mais qui embrassent déjà un groupe d’hommes plus ou moins nombreux ; il en est d’autres enfin qui intéressent directement les habitants de toute une région. C’est ainsi qu’un groupe de travailleurs cordonniers rend service aux habitants qui se pourvoient de chaussures auprès de lui : c’est là un service limité à un groupe d’hommes ; mais l’établissement d’une grande route dans une contrée intéresse l’ensemble des habitants de la contrée : celui-ci est évidemment un service public, un service d’une tout autre nature que ceux que les individus ou les groupes peuvent se rendre.

« Dans la séance publique du lendemain mercredi, la discussion devint plus approfondie et plus animée.

  1. Il a été également inséré in-extenso dans le Compte-rendu officiel du Congrès.