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ternationale, c’est-à-dire dans laquelle les correspondances officielles des comités fédéraux seraient faites autant que possible. D’autres, par contre, pensaient qu’une résolution d’un Congrès dans ce sens serait nuisible à l’Internationale ; ils proposent simplement que le Congrès invite les Conseils fédéraux à s’entendre directement entre eux pour les meilleurs moyens de correspondance ; Eccarius demande en outre que le Congrès insiste pour que les adhérents des diverses Fédérations étudient les langues vivantes. Cette proposition, avec l’adjonction proposée par Eccarius, a prévalu dans le Congrès. »

La principale des questions discutées au Congrès fut celle des services publics dans la nouvelle organisation sociale. Je copie le compte-rendu qu’en donne Schwitzguébel dans sa seconde et sa troisième lettres :

« La question des services publics fut d’abord traitée en séance privée, le mardi soir, puis en séances publiques le mercredi soir et le vendredi soir.

« Trois rapports écrits étaient présentés sur cette question : un par la Section bruxelloise, un autre par la Section de propagande de Genève, un troisième par la Section de Heigne-sous-Jumet (bassin de Charleroi).

« Le rapport bruxellois est imprimé ; il forme une brochure de 72 pages[1], et présente une analyse complète de la question. Après avoir énuméré les services publics de la société actuelle, et avoir indiqué ceux qui seront conservés dans la société future, ceux qui devront disparaître, et les services publics nouveaux qui devront être créés, le rapport se demande par qui devront être organisés et exécutés ces divers services, et il répond :

« À la Commune incombent les services publics suivants : sécurité (police, justice, etc.), état-civil, hygiène, assistance publique ; tout ce qui se rapporte aux travaux publics municipaux ; construction et entretien des maisons; administration du bazar communal ;

« À la Fédération des communes (que le rapport appelle l’État[2]) incombent : les routes, postes, télégraphes, chemins de fer ; les grandes entreprises régionales de défrichement, de drainage, d’irrigation, etc. ; la gestion des forêts ; le service des paquebots, les travaux concernant les fleuves ; l’organisation des assurances ;

« Enfin certaines entreprises d’utilité générale, comme les grands voyages scientifiques, la statistique générale du globe, etc., appartiennent à la Confédération universelle[3].

« Le rapport contient des passages très intéressants sur la constitution de l’agriculture en service public ; sur le caractère purement transitoire du groupement actuel des travailleurs par profession, groupement qui disparaîtra au bout de peu de temps dans la société future ; sur le développement de la grande industrie et la nécessité de la propriété collective des instruments de travail ; sur l’échange et la distribution, etc. »

Voici le passage du rapport bruxellois sur « le caractère purement transitoire du groupement actuel des travailleurs par profession » :


Il est incontestable qu’actuellement le groupement par corporations de métiers est une des tendances les plus positives du mouvement ouvrier ; et il est incontestable aussi qu’une organisation de la Commune et de l’État reposant sur ce groupement corporatif et professionnel serait bien plus

  1. Il a été inséré in-extenso dans le Compte-rendu officiel du Congrès.
  2. Voir plus loin, p. 229, un article du Bulletin discutant la conception « étatiste » exposée dans le rapport bruxellois.
  3. Ni les cultes, ni l’armée, naturellement, n’étaient compris dans cette énumérationdes services publics. Voici comment rapport s’exprime au sujet de la force armée : « Nous ne citons pas l’armée, soit l’armée permanente, soit les milices, parce que, toutes, elles n’ont pour but que la répression des mouvements populaires à l’intérieur, ou la guerre de peuple à peuple. Or, nous croyons que la solution du problème social supprimera du même coup et la lutte des classes et la lutte des nations. » À comparer avec le passage correspondant du rapport de la Section de propagande de Genève, que je donne p. 221 dans le texte.