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grèves[1] et un rapport sur les crises industrielles[2], présentés par la section du district de Courtelary ; le comité central fut placé au Val de Saint-Imier. Le Congrès de la Fédération des monteurs des boîtes d’or, fédération comprenant six sections (avec plus de sept cents membres), eut lieu à Neuchâtel les 1er et 2 août : « les rapports des sections ont prouvé qu’il y a beaucoup de vie ; la grève de la Chaux-de Fonds a dessillé les yeux d’un grand nombre, qui croyaient les sociétés de résistance inutiles » (Bulletin du 9 août) ; le comité fédéral fut placé à Genève.

Le Congrès de l’Arbeiterbund (pour lequel la salle du Grand-Conseil zuricois avait été refusée) se réunit à Winterthour les 24 et 25 mai. Il comptait 74 délégués, tous parlant allemand ; le canton de Zürich à lui seul en avait fourni 34 ; il y avait quelques délégués de Genève, Lausanne, Neuchâtel et la Chaux-de Fonds, mais c’étaient, comme les autres, des délégués de langue allemande. Le Congrès décida d’entreprendre une agitation en faveur de la journée de dix heures ; par une autre décision, il constitua une organisation politique nationale, de laquelle auraient à faire partie ceux des membres de l’Arbeiterbund qui étaient citoyens suisses ; enfin il repoussa une proposition d’organisation internationale des corps de métier, en donnant pour motif qu’il fallait avant tout achever l’organisation sur le terrain local et national. À propos de l’agitation pour la journée de dix heures, le Bulletin (14 juin) écrivit :


C’est là une excellente chose, et nous nous associerons de grand cœur à ce mouvement. Seulement il sera bon de s’entendre au préalable sur les voies et moyens. Selon nous, la seule marche à suivre, c’est de forcer les patrons, par la pression qu’exerceront sur eux les associations ouvrières, à accorder la journée de dix heures ; de la sorte, la diminution de la journée de travail dépendra de la puissance de l’organisation ouvrière, et la victoire, quand nous l’aurons remportée, sera la récompense de nos efforts directs ; les ouvriers auront travaillé eux-mêmes à leur émancipation ; et l’organisation grâce à laquelle ils auront conquis la journée de dix heures pourra leur servir ensuite à compléter leur affranchissement. Mais si l’on se proposait d’obtenir la journée de dix heures par voie législative, en réclamant l’intervention des partis politiques bourgeois, il nous serait impossible de donner la main au Schweizerischer Arbeiterbund sur ce terrain, parce qu’à nos yeux ce serait là travailler contre les ouvriers et non pour les ouvriers.


La Section centrale du Locle avait cessé d’exister, par suite de quelques difficultés locales, pendant l’hiver 1873-1874 ; elle se reconstitua sous le nom de Cercle d’études sociales en juin 1874. De même la Section de Porrentruy avait failli se dissoudre, parce qu’une partie de ses membres avaient abandonné ses réunions pour se lancer dans la politique ; mais elle se réorganisa

  1. Ce rapport fut publié aussi dans le Bulletin, où il forme deux articles (voir à la page précédente). On le trouve reproduit in-extenso dans le volume Quelques écrits d’Adhémar Schwitzguébel (Paris, Stock, 1908).
  2. Le rapport sur les crises industrielles, œuvre de Schwitzguébel comme le précédent, avait déjà été présenté au Congrès jurassien des 26 et 27 avril, qui en avait décidé la publication en une brochure de propagande (voir p. 181). Cette brochure est annoncée en ces termes dans le Bulletin du 7 juin 1874 : « En vente auprès du Comité fédéral jurassien : Les crises industrielles et leurs causes, rapport présenté par l’Union des Sections internationales du district de Courtelary au Congrès jurassien de l’Internationale et au Congrès des graveurs. Prix: 10 centimes. Adresser les demandes à Numa Brandt, 13, boulevard de la Citadelle, Chaux-de-Fonds. » Elle a été réimprimée dans le volume Quelques écrits d’Adhémar Schwitzguébel (Paris, Stock, 1908).