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la révolution, il en est d’autres où ce moyen est d’une pratique impossible,

Le Congrès déclare qu’il se borne à constater ces diverses déclarations, et qu’il laisse à chaque fédération le soin de s’organiser afin de trouver les moyens qui pourraient la conduire le plus tôt et le plus sûrement à l’émancipation des travailleurs.


Alerini objecte qu’il serait imprudent de donner de la publicité à une déclaration conçue en des termes pareils, c’est à-dire poussant ouvertement à la révolution sociale.

Costa fait observer qu’il n’en demande pas la publication.

James Guillaume formule la proposition suivante, dans laquelle il a évité d’employer l’expression de révolution sociale :


Considérant que les grèves partielles ne peuvent procurer aux travailleurs qu’un soulagement momentané et illusoire, attendu que le salaire, par son essence même, sera toujours limité aux moyens de subsistance strictement nécessaires pour empêcher l’ouvrier de mourir de faim,

Le Congrès, sans croire à la possibilité de renoncer complètement aux grèves partielles[1], recommande aux ouvriers de consacrer leurs efforts à achever l’organisation internationale des corps de métier, qui leur permettra d’entreprendre un jour une grève générale, seule grève réellement efficace pour réaliser l’émancipation complète du travail.


Viñas n’est pas partisan des grèves. Ce qui a, selon lui, écarté les ouvriers du mouvement révolutionnaire, c’est la grève. Peut-être qu’en Espagne, si les travailleurs n’avaient pas été si absorbés par leurs grèves nombreuses, ils auraient mieux marché à leur complète émancipation. On a dit que la grève générale est un moyen révolutionnaire : Viñas le nie[2]. Pour qu’il en fût ainsi, il faudrait que les ouvriers qui font la grève eussent conscience de la nécessité de la révolution. Il faut donc travailler à faire comprendre aux masses exploitées cette nécessité, et alors elles feront la révolution sans avoir besoin du prétexte d’une grève.

Ostyn estime que l’Internationale est et doit rester la grande école pratique de l’économie politique et sociale, que bien des ouvriers ignorent. Il faut éclairer les esprits, c’est là le véritable moyen d’arriver à l’émancipation des travailleurs.

Spichiger pense qu’on ne doit pas condamner les grèves partielles ; il trouve qu’on doit chercher à profiter même de ces mouvements qui ne peuvent amener qu’une satisfaction d’un instant. Sans doute nous devons tâcher de faire comprendre aux ouvriers que seule la grève générale peut émanciper le travail ; mais il faudra pour cela une longue propagande, et, en attendant, nous devons bien nous garder de nous opposer aux mouvements partiels et de détourner des grèves les ouvriers qui ne sont pas encore révolutionnaires.

Joukovsky dit que la première question à décider est celle de savoir si le Congrès veut voter une résolution relative à la grève générale.

Sur sa proposition, le président (Verrycken) demande aux délégués de se prononcer sur la question suivante : « Le Congrès veut-il adopter une résolution au sujet de la grève générale ? »

Tous les délégués répondent oui, excepté Hales, qui répond non, et Van den Abeele, qui s’abstient, parce que la Fédération hollandaise, dans son Congrès du 10 août, a voté qu’elle attendrait les décisions du Congrès général sur la grève générale, pour les discuter et les adopter s’il y avait lieu.

  1. Comme l’avaient demandé quelques délégués belges au congrès de Verviers, le 14 avril précédent (voir p. 81.)
  2. Viñas pensait aux ouvriers de Barcelone qui, en juillet 1873, avaient fait une grève générale pacifique au lieu de s’insurger.