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viteur fidèle[1]. Nous vous proposons d’étendre à toute notre association cet essai qui nous a si bien réussi. »

La suite de la discussion est renvoyée à la séance publique du mercredi soir.


La matinée du mercredi 3 fut consacrée, comme celle du mardi, aux travaux des commissions.


Dans la sixième séance, administrative, le mercredi après-midi, on s’occupa d’abord de la répartition des frais du Congrès. La Fédération américaine, bien que non représentée, avait annoncé qu’elle demandait à prendre sa part de ces frais. Montels et Brousse déclarèrent que les Sections françaises qui les avaient délégués tenaient aussi à contribuer pour leur part proportionnelle ; mais Pindy, Joukovsky et Cornet firent observer qu’il vaudrait mieux que les Sections françaises conservassent leurs ressources pour les besoins de leur propagande. Le Congrès décida que les Fédérations régionales supporteraient les frais du Congrès par quote-parts égales, mais que la France ne serait pas comprise dans cette répartition[2].

Il décida également que le compte-rendu de ses délibérations serait imprimé en brochure, en langue française, par les soins de la Fédération jurassienne ; qu’il comprendrait un simple extrait des séances administratives, et le compte-rendu in-extenso des séances publiques[3].

Le Congrès aborda ensuite la question de la grève générale. On entendit dans cette séance Joukovsky, rapporteur de la Commission, puis successivement Manguette, Verrycken, Alerini, Guillaume, Costa, Brousse, Bert, Viñas, Ostyn, Spichiger et Hales. En conséquence de la décision que le Congrès venait de prendre, cette discussion n’a pas été publiée dans le compte-rendu ; mais je puis en donner une analyse, au moyen du manuscrit qui est resté déposé entre mes mains.

La Commission, dit le rapporteur Joukovsky, pense que la question de la grève générale est subordonnée à la réalisation plus ou moins achevée de l’organisation régionale et internationale des corps de métier, et aux travaux statistiques que l’Internationale doit faire en vue de cette grève. D’autre part, la grève générale n’étant rien autre chose que la révolution sociale, — car il suffit de suspendre tout travail seulement pendant dix jours pour que l’ordre actuel s’écroule entièrement, — la Commission pense que cette question n’a pas à recevoir du Congrès une solution, d’autant plus que la discussion mettrait nos adversaires au courant des moyens que nous avons l’intention d’employer pour la révolution sociale.

Manguette et Verrycken expliquent que les Belges entendent la grève générale comme un moyen d’amener un mouvement révolutionnaire. « Si les Espagnols et les Italiens nous disent que dans leurs pays ce n’est pas ce moyen-là qu’on peut employer pour accomplir la révolution, ce n’est pas une raison pour nous de le rejeter dans les pays où les travailleurs sont habitués à avoir recours à la grève. Ce que nous désirons examiner, c’est la possibilité de rendre le mouvement international ; nous voudrions que lorsque dans un pays les travailleurs se mettront en révolte, que ce soit sous la forme de grève générale ou sous une autre forme, les autres peuples combinent leurs efforts avec ceux du pays révolté. » Verrycken fait observer que si une grève générale avait été possible au moment de la Commune de Paris, nul doute qu’on eût empê-

  1. Nous verrons au tome IV qu’en 1877, à la veille du Congrès général de Verviers, le Conseil régional belge, placé à ce moment entre les mains des politiciens flamands d’Anvers, n’a pas été un « serviteur fidèle ».
  2. Les frais du Congrès furent liquidés à la somme de 158 fr. 20, ce qui fit une quote-part de 22 fr. 60 à la charge de chacune des sept Fédérations régionales participantes.
  3. Le compte-rendu sténographique, transcrit en écriture courante, des séances tant administratives que publiques me fut envoyé après le Congrès, et ce fut moi qui eus à mettre la brochure en état pour l’impression. J’ai conservé le manuscrit de ce compte-rendu sténographique, aussi bien celui des séances administratives, resté inédit, que celui des séances publiques, qui a été imprimé.