Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Conformément à une décision de ce Congrès de Gohyssart-Jumet, le Conseil fédéral belge proposa à toutes les Fédérations régionales que la Fédération jurassienne fût chargée de l’organisation du Congrès général de 1873. Les Fédérations envoyèrent toutes une réponse affirmative.


Après son Congrès du 26 janvier, la Fédération anglaise avait continué son travail de propagande. Le Conseil fédéral anglais s’efforça de fonder de nouvelles sections partout où il trouva un terrain favorable. Une lettre qu’il adressa au Congrès de la fédération jurassienne, en avril, disait : « La Fédération anglaise ne reconnaît pas le prétendu Conseil général de New York ; par conséquent la suspension de la Fédération jurassienne est pour elle nulle et non avenue ». La lettre, après avoir indiqué en quoi la manière de voir des ouvriers anglais différait de celle des ouvriers du Jura sur la question politique, ajoutait : « Mais quelles que puissent être nos vues particulières, il y a une chose que nous reconnaissons tous : c’est qu’il est impossible d’établir une tactique stricte et uniforme, qui soit appropriée à toutes les circonstances et à tous les pays ; et, pour cette raison, la base de notre association ne peut être que fédérative ». Au sujet de la réorganisation de l’Association, la Fédération anglaise proposait de remplacer le Conseil général par un Conseil exécutif fédéral, qui servirait de bureau de statistique et de correspondance, et serait élu, en tout ou en partie, par les diverses fédérations. Elle proposait en outre de changer le nom de l’Association internationale des travailleurs en le remplaçant par celui de « Fédération internationale du travail », ou quelque autre de ce genre.

Un Congrès des partisans de Marx se réunit le 2 juin à Manchester, sous la présidence de Vickery ; Maltman Barry figurait au nombre des délégués. Ce Congrès fut le dernier signe de vie donné par cette insignifiante fraction de l’Internationale anglaise qui avait accepté les décisions du Congrès de la Haye[1] : l’année suivante, elle avait cessé d’exister.


IV


De juin à août 1873.


La coterie marxiste s’occupa, dès le mois de mai, de la préparation du Congrès général qu’à teneur d’une décision prise à la Haye le Conseil général de New York devait convoquer dans une ville de Suisse pour le mois de septembre 1873. Elle craignait d’y voir, cette fois, les autonomistes venir en nombre, et elle songeait aux moyens de leur fermer la porte du Congrès. Engels envoya, à ce sujet, le 3 mai, à Sorge les instructions suivantes :


En Suisse, il n’y a qu’un seul endroit possible, c’est Genève. Là nous avons pour nous la masse des ouvriers, et un local appartenant à l’Internationale, le Temple-Unique ; et si ces messieurs de l’Alliance venaient s’y présenter, nous les flanquerions simplement à la porte. En dehors de Genève, il n’y aurait que Zürich : mais là nous n’avons qu’une poignée

  1. Le journal de Riley, que Marx avait réussi à gagner à sa cause en novembre 1872, disparut de la scène, comme l’Égalité, comme la Emancipacion, le Pensamento social, et, momentanément, la Plebe. Engels écrivait au Conseil général, de New York, le 15 avril : « L’International Herald, lui aussi, comme vous l’aurez vu, ne bat plus que d’une aile (also is on its last legs). Nous tâcherons de le maintenir en vie jusqu’au prochain Congrès anglais (à la Pentecôte), après quoi nous verrons s’il est possible de lancer quelque chose d’autre (to start something else). » On ne lança rien d’autre. Le 26 juillet, Engels écrit à Sorge : « Riley nous a abandonnés, et a passé dans le camp républicain ».