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que vous avez faite si inconsidérément : « J’entends que ce mariage s’accomplisse, m’a-t-il dit. Quand on est dans la situation de Cécile, on ne fait pas la petite bouche. Tes filles devraient comprendre qu’elles sont une charge pour moi. Je la supporte volontiers, certainement, mais qu’elles y mettent du leur ! Si elles refusent tous les partis, tantôt sous un prétexte, tantôt sous un autre, comme de petites maîtresses, elles me resteront sur les bras, et, ma foi ! dépensières et gaspilleuses comme elles le sont, c’est une fameuse plaie ! Quand on vit, par charité, aux crochets de quelqu’un, on y met de la discrétion ; d’habitude, on s’arrange pour ne pas en abuser… »

Mme Pioutte eut peur d’être allée trop loin. La froide Cécile s’était jetée hors de son lit, et, à demi nue, élancée vers sa mère.

Ses yeux étincelaient, le fard de la honte et de l’humiliation couvrait ses joues pâles. Et toute sa chair éblouissante resplendissait de colère et d’indignation.

— Il t’a dit cela ? s’écria-t-elle.

— Oui, fit Mme Pioutte, sans hésiter. — Elle ajouta avec terreur, craignant de voir son mensonge découvert :

— Ne va pas lui en parler, au moins. Ça ferait un scandale affreux.

— Ah ! il a dit cela ! répétait Cécile, qui, assise sur le prie-Dieu que sa mère venait de quitter, enfonçait ses jambes délicates dans des bas noirs, c’est bien, je ne serai plus à sa charge. Non, je le jure. Ah ! je vis ici par charité ! Je suis à ses crochets ! C’est bien, je me marie. Tu peux dire à Caillandre que j’accepte. Et vite ! Ne pourrait-on pas me marier, ce soir même, pour que je débarrasse plus vite cette maison ? Le fardeau de mon oncle serait certainement diminué. Quand pourrai-je me marier ? Je ruine tout le monde ici, je suis une dépensière, je mets mon oncle sur la paille. Par charité ! Cours chez Mme Maubernard lui demander que Caillandre vienne me prendre de suite, que je m’en aille au plus tôt de cet asile de nuit, de cette œuvre de bienfaisance !…

Elle s’habillait à la hâte, avec des gestes brusques et saccadés, cassant des cordons, déchirant des boutonnières, arrachant des agrafes.