les renseignements et que ce ne serait pas avant une semaine ou deux.
VI
COMMENT SE FAIT UN MARIAGE
Mme Gaudentie Pioutte retourna chez elle, en toute hâte. Elle croisa son frère dans le corridor de la maison et l’entraîna au parloir où elle lui fit le plus grand éloge de M. Caillandre. Elle ne lui dit du caractère du jeune homme que ce qui était le plus propre à exciter l’enthousiasme du vieux prêtre qu’elle ne lâcha que lorsqu’il fut intimement persuadé que jamais Cécile ne pourrait avoir un meilleur parti. Elle décida l’abbé à visiter M. Tacussel et M. Médizan, puis elle monta dans la chambre de Cécile, qui l’attendait en lisant. Elle composa auprès de sa fille un nouveau panégyrique de M. Caillandre, en changeant toutefois les termes et en sculptant, pour l’imagination de la jeune fille, un personnage tout neuf qui ne ressemblait en rien à celui qu’elle avait façonné pour son frère. Cécile l’écouta attentivement, mais en se gardant bien de répondre, ce qui excita l’indignation de Mme Pioutte, qui s’en alla furieuse, en faisant claquer les portes et en criant qu’elle se tuait pour des filles ingrates qui ne lui tenaient aucun compte de tous ses sacrifices.
L’abbé Barbaroux se rendit chez l’abbé Tacussel, prêtre ambitieux et diplomate, qui ne réussissait que par l’habileté de ses flatteries et l’immensité de son optimisme. Il savait que tout ce que l’on dit des gens se répète, le bien comme le mal, et il louait, sans cesse, les présents comme les absents. Il se répandit aussitôt en éloges sur M. Caillandre, vanta son intelligence, son cœur, son honnêteté.
— C’est un de ces caractères fermement trempés, mon cher abbé, qui font le plus grand honneur à l’éducation ecclésiastique. Il a quelque chose de l’acier. C’est l’honnête homme courageux, loyal et fier qui impose sa volonté et ne transige pas.