large, les deux bras étendus, et dans la conscience de l’œuvre entreprise, dans le sentiment de son devoir, il sentait se cicatriser en lui la blessure que lui avait faite la conduite de sa sœur.
Il descendit l’escalier de la chapelle. L’air frais du matin, purifié aux sources du jour, lui apporta des pensées heureuses et saines. Des hirondelles fendaient l’azur fluide du ciel. Quand il arriva dans la cour, il vit devant lui Augulanty, blême, les cheveux emmêlés, la bouche tordue, le regard farouche.
— Venez, monsieur, dit-il, j’ai à vous parler !
L’abbé, effaré, courut derrière l’économe, qui fuyait devant lui. Ils traversèrent ainsi la salle d’études, le corridor, ils entrèrent dans l’économat.
— Monsieur, cria Augulanty, Virginie est partie !
L’abbé ouvrit la bouche pour crier, pour s’étonner, pour questionner. Aucun son ne sortit de ses lèvres paralysées. Il avait un air en même temps traqué et terrible.
— Partie, répéta Augulanty. Oui, monsieur. Partie avec un agent de change !
Théodore Barbaroux se laissa lourdement tomber sur une chaise. Tout bourdonnait à ses oreilles. Son cœur battait comme celui d’un agonisant. Il semblait que quelque chose se rompait en lui. Comme ses pensées lui faisaient mal !
— Quand cela ? Quand cela ? eut-il la force de murmurer.
— Cette nuit !
— Cette nuit ? balbutia le prêtre, en fixant un œil atone et fixe sur celui de son interlocuteur, mais alors… c’est cela que j’ai entendu…
— Quoi ? Vous avez entendu quelque chose ? Qu’avez-vous entendu ? cria brutalement Augulanty. Allons, relevez-vous ! On dirait que je vous annonce une mort. Un peu d’énergie, sapristi !
L’abbé Barbaroux était si ahuri qu’il ne remarquait point combien l’attitude emportée et bruyante d’Augulanty contrastait avec sa grâce et sa douceur habituelles.
Il balbutia :