Je l’avertirai qu’à partir d’octobre il n’ait plus à compter sur moi… Virginie ira vivre chez Cécile.
Dans la nuit du jeudi au vendredi, l’abbé Barbaroux dormit mal. Il était agité et fiévreux. Il se tournait et se retournait dans son lit sans trouver de repos. Les décisions qu’il n’avait pas acceptées venaient tourmenter sa conscience et la harceler et lui reprocher son choix.
Un des élèves soupira ; un autre ronflait. Les moindres bruits du dortoir retentissaient dans le grand silence de l’ombre. « Marguerite ! » murmura un enfant endormi. L’abbé s’efforça de reconnaître cette voix. « Qui est-ce ? » se demanda-t-il. Mais, à ce moment, il entendit le roulement sonore d’une automobile sur la chaussée ; peu après, la voiture s’arrêta. Il parut à l’abbé qu’elle était tout proche de l’école, il écouta ses ébrouements et sa trépidation de machine nerveuse et impatiente, avide d’espace et de fuite. Et tout à coup, il crut distinguer, au milieu de ce tumulte, le grincement de la porte d’en bas. « Quelle folie ! pensa-t-il aussitôt. Je deviens halluciné ! » Il entendit plus nettement le heurt du battant refermé, il voulut en avoir le cœur net, il courut à la fenêtre, l’ouvrit, repoussa le volet… Un roulement bruyant annonçait le départ de l’automobile, il regarda dans la direction du bruit. Il y avait au bout de la rue une clarté rapide, qui fuyait à ras de terre, puis disparut au tournant. Tout se tut. L’abbé se recoucha. « C’était une porte voisine. On aurait dit que c’était ici. Tout fait un bruit effroyable, la nuit… » Il se rendormit peu après.
Le lendemain, quand il se réveilla, il ne songeait plus à cet incident. Il alla dire sa messe de six heures. Il la célébra d’un cœur ému, car sa décision était prise, et il ne doutait point, comme tous les esprits pleins de foi, que Dieu lui-même eût pris la peine de la lui inspirer.
Les rayons de soleil entraient à flots dans la chapelle en traversant les vitraux. Des mosaïques de taches vertes, roses, bleues ou jaune citron se posaient alternativement sur les dalles blanches et noires, sur les dentelles de l’autel, sur les bancs de bois poli. Les élèves, qui assistaient à la messe, chaque matin, répondaient par un murmure aux prières. L’abbé les bénit d’un geste