Peloutier fut très heureux de ce début. Pour tout dire, le père Combette étant imprimeur, le poète, avide de publicité, songeait à tirer le meilleur parti possible de ce trépas. Il espérait que le pauvre homme reconnaissant éditerait cette élégie à ses frais, si elle l’émouvait. Et M. Peloutier connaîtrait enfin la joie de se voir inséré.
Au cimetière, on crut que le vieux père allait rouler dans la fosse. Quand les hommes, couverts de cette argile fade qui sent la mort, cognèrent le cercueil au fond du tombeau béant, M. Combette glissa sur les mottes de terre molle et parut vouloir s’abîmer au fond. Des sanglots secouaient sa minable personne. Mathenot et Inar le retinrent. Puis on le traîna au coin d’une allée où chacun vint lui serrer la main et le réconforter à sa manière.
Barbaroux lui recommanda de songer au Ciel et lui promit de prier afin que le Tout-Puissant lui envoyât la grâce de supporter ce malheur avec courage. Augulanty pencha vers lui une figure convulsée et lui glissa entre les doigts, avec ces mots prononcés d’une voix entrecoupée :
— Courage, père infortuné, nous sommes de cœur avec vous !
Et Mathenot lui assura que Dieu, des intentions de qui il se croyait dépositaire, devait l’aimer bien particulièrement, puisqu’il l’avait choisi pour cette épreuve, choix dont le père Combette se serait bien passé, et Niolon lui répéta rêveusement une phrase de Chateaubriand, et Peloutier l’assura qu’il allait célébrer la mémoire de son enfant, dans une élégie digne de lui, et lui demanda la permission d’aller la lui présenter un de ces jours. Puis les élèves défilèrent. Ils vinrent tous secouer cette main inerte et tendue, comme si c’était une branche d’arbre dont on dût faire tomber des fruits, et Délussin lui-même la tirailla. Et on laissa le père Combette, immobile, morne, muet, au coin du sentier, et pareil à un nouveau saule pleureur qui aurait poussé là subitement…
Le lendemain, en récréation, Édouard du Puget déclara qu’il quittait l’école Saint-Louis-de-Gonzague. Quelques enfants s’assemblèrent autour de lui.
— Pourquoi ? demanda Jérôme de Saurin-Géroville,