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LES BARRICADES

au milieu des jours différents, l’écho perdu d’une cloche d’Ys. Il ne reste plus grand’chose en moi du jeune homme encore frénétique qui, un soir d’extrême printemps, abandonnait son âme et ses sens aux tentations d’une nature tenace, obsédante et vide ; les années ont fait leur ouvrage, qui est de dépouiller nos rameaux de leur feuillaison trop abondante et de n’en laisser subsister qu’un dessin irrégulier, mais ferme et précis, — indispensable. Eh bien ! je peux affirmer aujourd’hui que je lisais alors dans mon caractère comme en un livre sans ratures, ni notes inutiles, qu’il n’y avait rien en moi qui ne fût clair à mes yeux, logique, évident, nécessaire… Ou du moins, je le croyais. Mais si nous nous connaissions tels que nous sommes, cette date du 1er juin ne me serrerait pas ainsi le cœur et je ne raconterais pas cette histoire, tandis qu’au dehors, le vent fait