Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
LE RESTE EST SILENCE…

dames, qui montrent dans leurs vitrines comment on peut avoir l’air élégant et sûr de soi, quand on est décapité, à condition de s’adresser à un bon faiseur, ni devant les miroitiers qui vous offrent gratuitement votre image dans les plus belles glaces qui se puissent rêver, ni devant les horlogers qui réussissent, en exhibant leurs pendules et leurs montres, à réunir dans une seule minute toutes les heures de la journée, — hormis, bien entendu, celle où l’on se trouve et qui, seule, pourrait rendre service au passant, — ni devant les bijoutiers, qui, comme de vulgaires kobolds, ravissent les trésors cachés pour induire en tentation les pauvres femmes et, par là, amener dans les ménages des orages perpétuels, des désordres et des discussions. Non, aucune de ces devantures ne retenait notre curiosité, et lorsque, ensuite, je demandais à maman :

— Quel était ce magasin où tu voulais voir quelque chose ?

— Ah ! c’est vrai, me répondait-elle, j’ai tout-à-fait oublié, mon chéri ; ce sera pour demain.