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rent. Il eut envie de les faire pendre. Ils ne furent que bâtonnés, mais vigoureusement, et de manière à en garder le souvenir.

Ce fut le lord lui-même qui détacha la pauvre enfant. Elle courut en hâte, et le dos saignant, se rhabiller derrière un buisson. Il la ramena au château, et, en route, il l’interrogea.

Elle s’appelait May. Elle ne se connaissait pas de parents, elle mendiait sur les routes. Les valets l’avaient arrêtée devant le château, entraînée, puis déshabillée. Elle n’était vêtue que de lambeaux d’étoffes, elle était frêle, mais harmonieusement faite, les épaules tombantes, la poitrine petite et ferme, les jambes fines et longues, les bras gracieux. Elle était douce et naïve, et ne connaissait de la vie que les hontes, les épouvantes, les misères et les brutalités. Mais elle avait un rire frais, naïf, ingénu, et l’âme la plus pure du monde, qui s’épanouissait dans la boue, comme les racines des nénuphars, qui vont chercher leur nourriture au fond de la vase. Lord Herbert, obéissant à une impulsion inattendue, lui