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LE RESTE EST SILENCE…

quelque chose de réel dans cette inexplicable folie.

— Oui, oui, c’est cela, chez madame de Thieulles.

Mais elle le dit d’une voix si gênée et si distraite que je compris bien qu’elle ne me disait pas la vérité. D’ailleurs, ce n’était point chez madame de Thieulles qu’elle pouvait aller ainsi s’établir !

— Mais pourquoi pars-tu ? criais-je obstinément.

— Après ce qui s’est passé, tu comprends bien, Léon, que je ne peux plus rester ici. Ton père a besoin de se calmer, je le laisse quelques jours, et puis je reviendrai… Oui, je reviendrai… Il sera tout-à-fait tranquille, alors… Oh ! oui, s’écria-t-elle, d’une voix déchirante, je t’assure que je reviendrai…

Elle continuait à emballer, comme au hasard, des choses hétéroclites qu’elle sortait de ses tiroirs, une rose de Jéricho, toute sèche et couleur de bois, avec ses racines enchevêtrées et sa grosse touffe de ramilles, un éventail, non, certes, le plus beau, mais un éventail en bois des Îles, qui sentait le