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LE RESTE EST SILENCE…

Elles s’y tenaient en effet, bien rangées, enroulées sur elles-mêmes comme de petits serpents scintillants.

— Tu pars, maman ? m’écriai-je avec stupeur.

— Oui, oui, je pars. Après ce qui s’est passé, tu comprends que je ne peux plus rester ici !

Mais je ne comprenais pas du tout. Quel âge m’attribuait-elle donc, ma mère, dans son affolement, et pour qui me prenait-elle ?

— Tu pars pour longtemps ?…

Elle recula comme si je l’avais frappée du poing.

Sa voix trembla.

— Non, non, pour quelques jours seulement… Je… je… reviendrai bientôt…

— Emmène-moi alors !

— N… Non, je ne peux pas, mon petit, je ne peux pas…

— Mais chez qui vas-tu alors ?

— Chez une amie…

— Tu vas chez madame de Thieulles, m’écriai-je, presque satisfait d’entrevoir