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LE RESTE EST SILENCE…

dîmes, maman et moi, quand, dans le premier moment de notre surprise et de notre angoisse, sentant sur nous un malheur que je comprenais pas, nous mêlions nos plaintes, nos questions, nos tristesses, nos folies.

Tout-à-coup, maman se leva et me dit :

— Écoute, mon petit, il faut que je m’habille. Je t’appellerai quand je serai prête…

— Tu vas sortir ?

— Oui, j’ai quelques courses à faire.

De nouveau enfermé dans ma chambre, j’essayai de loger mes soldats de plomb dans leurs constructions de papier fragile, — ah ! moins fragile cependant que le bonheur de la famille et la sécurité du foyer !

Mais je n’avais pas l’esprit à jouer, des problèmes trop énormes s’agitaient dans ma tête, l’inconnu où je me débattais m’affolait au point de ne laisser aucune place à mes divertissements favoris. Comment percer ce mystère ? Je ne trouvais pas en moi la moindre réponse à cette question : « Pourquoi une petite lettre inoffensive a-t-elle un pareil pouvoir de destruction ? » Et