— Ce sont ces écoles-là que j’ai visitées, et j’avoue que c’est par elles que je juge de l’éducation anglaise.
— Avez-vous trouvé qu’on y étudiât beaucoup ?
— C’est une question dont je me suis peu occupé. Cependant j’y touche dans mon premier livre chaque fois que l’occasion s’en présente.
— Elle se présente rarement. Cela est si vrai, que vous nous faites lire 125 pages sur les luttes de football, de lawn tennis et de cricket, sur les evening et les garden parties, sur les wines et les luncheons, avant de nous laisser voir un indice de travail intellectuel. Le premier se rencontre à Cooper’s Hill, et les élèves de cet établissement n’appartiennent pas précisément à la classe aristocratique. Ils suent sang et eau neuf heures par jour pour se préparer à toucher un gros traitement dans le service des Indes. Après cela, vous parlez de livres encore une ou deux fois, c’est à l’école des filles de Newnham et à la maison de charité de Toynbee Hall.
— Cependant j’ai vu passer à Eton, à Harrow, à Rugby et ailleurs des examens sérieux, et surtout fort longs ; quelques-uns duraient huit et dix jours.
— Peut-être faut-il ce temps pour faire sortir quelque chose de têtes où jamais rien n’est entré. Je regrette que vous n’ayez pas donné un échantillon de ces examens. Il n’y a pas longtemps, j’en ai vu un dans l’ouvrage du cardinal Newman intitulé Idea of a University. On voit là un candidat torturé une demi-heure sur le mot anabasis ; il ne répond guère que par le silence.
— Nos jeunes Français, pour être accroupis sur leurs livres du matin au soir, en sont-ils plus savants ? N’entendez-vous pas chaque jour le cri d’alarme des professeurs de grec, de latin, et même de français ? Je ne parle pas de ceux d’anglais et d’allemand.