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également. Il est dépourvu d’esprit d’initiative et de sang-froid. Maladroit et capon, il se laisse cogner et ne cogne pas. Encore trente ans de ce régime, et c’en est fait de la race.

pierre de coubertin.

— Vous connaissez, monsieur, la situation mieux que nous. Grâce aux fonctions que vous avez longtemps remplies, d’Inspecteur général de l’enseignement secondaire, il est peu de lycées que vous n’ayez visités.

francisque bouillier.

— Du haut jusques en bas, dans tous les coins et recoins.

paschal grousset.

— Y avez-vous jamais trouvé autre chose que l’anémie, l’ennui et l’immoralité ?

francisque bouillier.

— Je n’y ai pas toujours trouvé la gaîté et la candeur désirables. L’animation y manquait souvent. Si les petits élèves sautaient, couraient, jouaient, je voyais les grands, humanistes, rhétoriciens, philosophes, candidats aux écoles du gouvernement, nonchalamment étendus, pendant l’été, sur un banc, et, pendant l’hiver, immobiles se chauffer comme des lézards au soleil, ou se promener le long des murs, les mains dans leurs poches.

pierre de coubertin.

— Avec la gravité de penseurs qui ont atteint tous les sommets de l’esprit humain.

francisque bouillier.

— Dans les premières années de mes fonctions, l’état de choses était moins fâcheux. Il s’est aggravé depuis, et cela peut paraitre étrange. L’espace et l’air manquaient jadis dans nos lycées et collèges, et cependant avec quelle ardeur n’y jouait-on pas ! Quels furieux engagements aux barres ! Quelles adroites et vigoureuses lançades de cerceaux ! Quelles parties à la balle au mur ! Avec quel plaisir ne voyait-on pas arriver le froid pour glisser ou patiner ! Aujourd’hui, que des améliorations et des agrandissements ont transformé beaucoup de lycées en vrais palais, et plusieurs en maisons de plaisance, les jeux y sont passés de mode.

paschal grousset.

— Vous oubliez le gymnase !