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Belphégor, démon des découvertes et des inventions ingénieuses. Il prend souvent un corps de jeune femme. Il donne des richesses. Les Moabites, qui l’appelaient Baalphégor, l’adoraient sur le mont Phégor. Des rabbins disent qu’on lui rendait hommage sur la chaise percée, et qu’on lui

Belphégor
Belphégor


offrait l’ignoble résidu de la digestion. C’était digne de lui. C’est pour cela que certains doctes ne voient dans Belphégor que le dieu Pet ou Crepilus ; d’autres savants soutiennent que c’est Priape. — Selden, cité par Banier, prétend qu’on lui offrait des victimes humaines, dont ses prêtres mangeaient la chair. Wiérus remarque que c’est un démon qui a toujours la bouche ouverte ; observation qu’il doit sans doute au nom de Phégor, lequel signifie, selon Leloyer, crevasse ou fendasse, parce qu’on l’adorait quelquefois dans des cavernes, et qu’on lui jetait des offrandes par un soupirail.

Beltram, Génois, donc l’âme revint après sa mort et posséda une femme de Ponte-Nuovo ; les parents de cette femme l’avaient volé. Quand on eut restitué, il se retira en fumée.

Bélus, premier roi des Assyriens ; on dit qu’il se fit adorer dans des temples de son vivant. Il était grand astrologue : a J’ai lu dans les registres du ciel tout ce qui doit vous arriver, disait-il à ses enfanis, et je vous dévoilerai les secrets de vos destinées. » Il rendit des oracles après sa mort. Bélus pourrait être le même que Bel.

Belzébuth ou Belzebub ou Beelzebuth, prince des démons, selon les Écritures[1] ; le premier en pouvoir et en crime après Satan, selon Milton ; chef suprême de l’empire infernal, selon la plupart des démonographes. — Son nom signifie seigneur des mouches. Bodin[2] prétend qu’on n’en voyait point dans son temple. C’était la divinité la plus révérée des peuples de Chanaan, qui le représentaient quelquefois sous la figure d’une mouche, le plus souvent avec les attributs de la souveraine puissance. Il rendait des oracles, et le roi Ochozias le consulta sur une maladie qui l’inquiétait ; il en fut sévèrement repris par le prophète Elisée.

Belzebuth
Belzebuth

On lui attribuait le pouvoir de délivrer les hommes des mouches qui ruinent les moissons.

Presque tous les démonomanes le regardent comme le souverain du ténébreux empire ; et chacun le dépeint au gré de son imagination. Milton lui donne un aspect imposant, et une haute sagesse respire sur son visage. L’un le fait haut comme une tour ; l’autre d’une taille égale à la nôtre ; quelques-uns se le figurent sous la forme d’un serpent ; il en est qui le voient aussi sous les traits d’une femme.

Le monarque des enfers, dit Palingène, in Zodiaco vitæ, est d’une taille prodigieuse, assis sur un trône immense, ayant le front ceint d’un bandeau de feu, la poitrine gonflée, le visage bouffi, les yeux étincelants, les sourcils élevés et l’air menaçant. Il a les narines extrêmement larges, et deux grandes cornes sur la tête ; il est noir comme un Maure : deux vastes ailes de chauve-souris sont attachées à ses épaules ; il a deux larges pattes de canard, une queue de lion, et de longs poils depuis la tête jusqu’aux pieds.

Les uns disent de plus que Belzébuth est encore Priape ; d’autres, comme Porphyre, le confondent avec Bacchus. On a cru le trouver dans le Belbog ou Belbach (dieu blanc) des Slavons, parce que son image ensanglantée était toujours couverte de mouches, comme celle de Belzébuth chez les Syriens. On dit aussi que c’est le même que Pluton. Il est plus vraisemblable de croire que c’est Baël, que Wiérus fait empereur des enfers ; d’autant mieux que Belzébuth ne figure pas sous son nom dans l’inventaire de la monarchie infernale.

  1. Notre-Seigneur Jésus-Christ même lui donne ce nom (saint Matthieu, ch. xn, v. 24 ; saint Luc, ch. xi, v. 15). Les scribes reprochaient au Seigneur qu’il chassait les diables au nom de Belzébuth, prince des démons.
  2. Démonomanie des sorciers, liv. IV, ch. m.