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Des prestiges des démons, traduits en français sous ce titre : Cinq livres de l’imposture et tromperie des diables, des enchantements et sorcelleries, pris du latin de Jean Wier, médecin du duc de Clèves, et faits français par Jacques Grevin, de Clermont. Paris, in-8o, 1569.

L’ouvrage de Wierus est plein de crédulité, d’idées bizarres, de contes populaires, d’imaginations, et riche de connaissances. C’est ce même écrivain qui a publié un traité curieux des lamies et l’inventaire de la fausse monarchie de Satan (Pseudomonarchia Dæmonum), où nous avons trouvé de bonnes désignations sur presque tous les esprits de ténèbres cités dans ce dictionnaire.

Wilis. Dans quelques contrées de l’Allemagne, toute fiancée qui meurt avant le mariage, « pour peu que de son vivant elle ait un peu trop aimé la danse, devient après sa mort une wili, c’est-à-dire un fantôme blanc et diaphane, qui s’abandonne chaque nuit à la danse d’outre-tombe.

 
Wilis
Wilis
 
Cette danse des morts ne ressemble en rien à la danse terrestre : elle est calme, grave, silencieuse ; le pied effleure à peine la fleur chargée de rosée. La lune éclaire de son pâle rayon ces ébats solennels : tant que la nuit est au ciel et sur la terre, la ronde poursuit son chemin dans les bois, sur les montagnes, sur le bord des lacs bleus. Avez-vous rencontré, à la fin d’une pénible journée de voyage, quand vous allez au hasard loin des chemins tracés, ces flammes isolées qui s’en vont ça et là à travers les joncs des marécages ? Malheureux voyageur, prenez garde ! ce sont les wilis qui dansent, c’est la ronde infernale qui vous provoque de ses fascinations puissantes. Prenez garde, n’allez pas plus loin, ou vous êtes perdu. Les wilis, ajoute Jules Janin, que nous copions ici, sautent jusqu’à l’extinction complète de leur partner mortel. » Voy. Courils.

Wiulmeroz (Guillaume), sorcier en Franche-Comté, vers l’an 1600. Son fils, âgé de douze ans, lui reprocha d’avoir été au sabbat et de l’y avoir mené. Le père, indigné, s’écria : « Tu nous perds tous les deux !… » Il protesta qu’il n’avait jamais été au sabbat. Néanmoins, on prononça son arrêt, parce qu’il y avait cinq personnes qui le chargeaient ; que d’ailleurs sa mère avait été suspecte, ainsi que son frère, et que beaucoup de méfaits avaient été commis par lui.

Comme il fut démontré que l’enfant ne participait pas à la sorcellerie, il fut élargi[1].

Wivre, monstre du moyen âge, à qui on a donné des formes fantastiques.

« Sur le plateau de Haute-Pierre, dans la Franche-Comté, on a vu quelquefois passer une autre Mélusine, un être moitié femme et moitié serpent. C’est la wivre ; elle n’a point d’yeux, mais elle porte au front une escarboucle qui la guide comme un rayon lumineux le jour et la nuit. Lorsqu’elle va se baigner dans les rivières, elle est obligée de déposer cette escarboucle à terre, et si l’on pouvait s’en emparer, on commanderait à tous les génies ; on pourrait se faire apporter tous les trésors enfouis dans les flancs des montagnes. Mais il n’est pas prudent de ten-

  1. M. Garinet, Histoire de la magie en France, p. 464.