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battaient ; près de la seconde, le bruit était plus grand ; et à la troisième, c’étaient des fracas d’allégresse, comme d’un grand nombre de gens qui se réjouissaient. Le même auteur dit avoir appris d’anciens historiens que, dans la Grande-Bretagne, on entend au pied d’une montagne des sons de cymbales et de cloches qui carillonnent en mesure.

Il y a, dit-on, en Afrique, dans certaines familles, des sorcières qui ensorcellent par la voix et la langue, et font périr les blés, les animaux et les hommes dont elles parlent, même pour en dire du bien. — En Bretagne, le mugissement lointain de la trier, le sifflement des vents, entendu dans la nuit, sont la voix d’un noyé qui demande un tombeau[1].

Volac, grand président aux enfers ; il apparaît sous la forme d’un enfant avec des ailes

 
Volac
Volac
 
d’ange, monté sur un dragon a deux têtes. Il connaît la demeure des planètes et la retraite des serpents. Trente légions lui obéissent[2].

Volet (Marie). Vers l’année 1691, une jeune fille, de la paroisse de Pouillat en Bresse, auprès de Bourg, se prétendit possédée. Elle poussait des cris que l’on prit pour de l’hébreu. L’aspect des reliques, l’eau bénite, la vue d’un prêtre, la faisaient tomber en convulsions. Un Chanoine de Lyon consulta un médecin sur ce qu’il y avait à faire. Le médecin visita la possédée ; il prétendit qu’elle avait un levain corrompu dans l’estomac, que les humeurs cacochymes de la masse du sang et l’exaltation d’un acide violent sur les autres parties qui le composent étaient l’explication naturelle de l’état de maladie de cette fille. Marie Volet fui envoyée aux eaux minérales ; le grand air, la défense de lui parler du diable et de l’enfer, et sans doute le retour de quelque paix dans sa conscience troublée, calmèrent ses agitations ; bientôt elle fut en état de reprendre ses travaux ordinaires[3].

Vols ou Voust, de vultus, figure, effigie. On appelait ainsi autrefois une image de cire, au moyen de laquelle on se proposait de faire périr ceux qu’on haïssait ; ce qui s’appelait envoûter. La principale formalité de l’envoûtement consistait à modeler, soit en cire, soit en argile, l’effigie de ceux à qui On voulait mal. Si l’on perçait la figurine, l’envoûté qu’elle représentait était lésé dans la partie correspondante de sa personne. Si on la faisait dessécher ou fondre au feu, il dépérissait et ne tardait pas à mourir.

Enguerrand de Marigny fut accusé d’avoir voulu envoûter Louis X. L’un des griefs de Léonora Galigaï fut qu’elle gardait de petites figures de cire dans de petits cercueils. En envoûtant, on prononçait des paroles et on pratiquait des cérémonies qui ont varié. Ce sortilège remonte à une haute antiquité. Platon le mentionne dans ses Lois : « Il est inutile, dit-il, d’entreprendre de prouvera certains esprits fortement prévenus qu’ils ne doivent point s’inquiéter des petites figures de cire qu’on aurait mises ou à leur porte, ou dans les carrefours, ou sur le tombeau de leurs ancêtres, et de les exhorter à les mépriser, parce qu’ils ont une foi confuse à la vérité de ces maléfices. — Celui qui se sert de charmes, d’enchantements et de tous autres maléfices de cette nature, à dessein de nuire par de tels prestiges, s’il est devin ou versé dans l’art d’observer les prodiges, qu’il meure ! Si, n’ayant aucune connaissance de ces arts, il est convaincu d’avoir usé de maléfices, le tribunal décidera ce qu’il doit souffrir dans sa personne ou dans ses biens. » (Traduction de M. Cousin.)

Ce qui est curieux, c’est qu’on a retrouvé la même superstition chez les naturels du nouveau monde. Le père Charlevoix raconte que les Illinois font de petits marmousets pour représenter ceux dont ils veulent abréger les jours, et qu’ils les percent au cœur. Voy. Envoûtement.

Volta. C’est une ancienne tradition de l’Étrurie que les campagnes furent désolées par un monstre appelé Voila. Porsenna fit tomber la foudre sur lui. Lucius Pison, l’un des plus braves auteurs de l’antiquité, assure qu’avant lui Nu ma avait fait usage du même moyen, et que Tullus Hostilius, l’ayant imité sans être suffisamment instruit, fut frappé de ladite foudre[4]

Voltaire. L’abbé Fiard, Thomas, madame de Staël et d’autres têtes sensées le mettent au nombre des démons incarnés.

Voltigeur hollandais. Les marins de toutes les nations croient à l’existence d’un bâtiment hollandais dont l’équipage est condamné par la

  1. Cambry, Voyage dans le Finistère.
  2. Wierus, in Pseudom. dæm.
  3. M. Garinet, Histoire de la magie en France, p. 255.
  4. Pline, liv. II, ch. xxxiii.