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d’encre en prononçant de mystérieuses paroles puis lui faisait voir dans ce pâté d’encre tout ce qui pouvait piquer la curiosité des assistants. Les vivants et les morts y paraissaient. Shakespeare y vint et plusieurs autres. L’auteur d’un vol tout récent fut même découvert ainsi. S’il est vrai, comme l’assure M. Léon de Laborde, que ce récit soit sérieux, c’est fort singulier. Voy. Cagliostro, Oomancie, Harvis, Hydromancie, etc.

Verrues. On peut se délivrer des verrues, dit le Petit Albert, en enveloppant dans un linge autant de pois qu’on a de verrues, et en les jetant dans un chemin, afin que celui qui les ramassera prenne les verrues et que celui qui les a en soit délivré. Cependant voici un remède plus admirable pour le même objet : c’est de couper la tête d’une anguille vivante, de frotter les verrues et les porreaux du sang qui en découle ; puis on enterrera la tête de l’anguille, et, quand elle sera pourrie, toutes les verrues qu’on a disparaîtront.

Les physiognomonistes, Lavater même, voient dans les verrues du visage une signification et un pronostic. On ne trouve guère, dit Lavater, au menton d’un homme vraiment sage, d’un caractère noble et calme, une de ces verrues larges et brunes que l’on voit si souvent aux hommes d’une imbécillité décidée. Mais si par hasard vous en trouviez une pareille à un homme d’esprit, vous découvririez bientôt que cet homme a de fréquentes absences, des moments d’une stupidité complète, d’une faiblesse incroyable. Des hommes aimables et de beaucoup d’esprit peuvent avoir, au front ou entre les sourcils, des verrues qui, n’étant ni fort brunes, ni fort grandes, n’ont rien de choquant, n’indiquent rien de fâcheux ; mais si vous trouvez une verrue forte, foncée, velue, à la lèvre supérieure d’un homme, soyez sûr qu’il manquera de quelque qualité très-essentielle, qu’il se distinguera au moins par quelque défaut capital.

Les Anglais du commun prétendent au contraire que c’est un signe heureux d’avoir une verrue au visage. Ils attachent beaucoup d’importance à la conservation des poils qui naissent ordinairement sur ces sortes d’excroissances.

Vers. On voit dans le livre des Admirables secrets d’Albert le Grand que les vers de terre, broyés et appliqués sur des nerfs rompus ou coupés, les rejoignent en peu de temps.

Vert. Dans les îles Britanniques, on croit que le vert est la couleur que les fées affectionnent le plus.

Vert-Joli. Voy. Verdelet.

Verveine, herbe sacrée dont on se servait pour balayer les autels de Jupiter. Pour chasser des maisons les malins esprits, on faisait des aspersions d’eau lustrale avec de la verveine. Les druides surtout ne l’employaient qu’avec beaucoup de superstitions : ils la cueillaient à la canicule, à la pointe du jour, avant que le soleil fût levé. Nos sorciers ont suivi le même usage, et les démonographes croient qu’il faut être couronné de verveine pour évoquer les démons.

Vespasien. On raconte qu’étant en Achaïe avec Néron, il vit en songe un inconnu qui lui prédit que sa bonne fortune ne commencerait que lorsqu’on aurait ôté une dent à Néron. Quand Vespasien se fut réveillé, le premier homme qu’il rencontra fut un chirurgien, qui lui annonça qu’il venait d’arracher une dent à l’empereur. Peu de temps après, ce tyran mourut ; mais Vespasien ne fut pourtant couronné qu’après Galba, Othon et Vitellius.

Vesta, déesse du feu chez les païens. Les cabalistes la font femme de Noé. Voy. Zoroastre.

Vêtements des morts. Ménasseh-ben-Israël dit que Dieu les conserve. Il assure que Samuel apparut à Saül dans ses habits de prophète ; qu’ils n’étaient point gâtés, et que cela ne doit point surprendre, puisque Dieu conserve les vêtements aussi bien que les corps, et qu’autrefois tous ceux qui en avaient les moyens se faisaient ensevelir en robe de soie, pour être bien vêtus le jour de la résurrection.

Vétin. Un moine du neuvième siècle nommé Vétin, étant tombé malade, vit entrer dans sa cellule une multitude de démons horribles, portant des instruments propres à bâtir un tombeau. Il aperçut ensuite des personnages sérieux et graves, vêtus d’habits religieux, qui firent sortir ces démons ; puis il vit un ange environné de lumière qui vint se présenter au pied de son lit, le prit par la main et le conduisit par un chemin agréable sur le bord d’un large fleuve, où gémissaient un grand nombre d’âmes en peine, livrées à des tourments divers, suivant la quantité et l’énormité de leurs crimes. Il y trouva plusieurs personnes de sa connaissance, entre autres un moine qui avait possédé de l’argent en propre, et qui devait expier sa faute dans un cercueil de plomb jusqu’au jour du jugement. Il remarqua des chefs, des princes et même l’empereur Charlemagne qui se purgeaient par le feu, mais qui devaient être délivrés dans un certain temps. Il visita ensuite le séjour des bienheureux qui sont dans le ciel, chacun à sa place selon ses mérites. Quand Vétin fut éveillé, il raconta au long toute cette vision, qu’on écrivit aussitôt. Il prédit en même temps qu’il n’avait plus que deux jours à vivre ; il se recommanda aux prières des religieux, et mourut en paix le matin du troisième jour. Cette mort arriva, le 31 octobre 824, à Aigue-la-Riche[1], et la vision de ce bon moine a fourni des matériaux à ceux qui ont décrit les enfers.

Veu-Pacha, enfer des Péruviens.

Viaram, espèce d’augure qui était en vogue

  1. Lenglet-Dufresnoy.