Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/692

Cette page a été validée par deux contributeurs.
VAU
VEN
— 684 —
dans plusieurs loges. C’est le nom qu’il donnait aux lieux de ces assemblées occultes.

Vauvert. Saint Louis, ayant fait venir des chartreux à Paris, leur donna une habitation au faubourg Saint-Jacques, dans le voisinage du château de Vauvert, vieux manoir bâti par le roi Robert, mais depuis longtemps inhabité, parce qu’il était infesté de démons (qui étaient peut-être des faux monnayeurs). On y entendait des hurlements affreux ; on y voyait des spectres traînant des chaînes, et entre autres un monstre vert, avec une grande barbe, blanche, moitié homme, et moitié serpent, armé d’une grosse massue, et qui semblait toujours prêt à s’élancer, la nuit, sur les passants. Il parcourait même, disait-on, la rue où se trouvait le château, sur un chariot enflammé, et tordait le cou aux téméraires qui se trouvaient sur son passage. Le peuple, l’appelait le diable de Vauvert. Les chartreux ne s’en effrayèrent point et demandèrent le manoir à saint Louis ; il le leur donna avec toutes ses appartenances et dépendances, et les revenants ni le diable de Vauvert n’y revinrent plus. Le nom d’Enfer resta seulement à la rue, en mémoire de tout le tapage, que les diables y avaient fait[1].

Veau d’or. Le rabbin Salomon prétend que le veau d’or des Israélites était vivant et animé. Le Koran dit qu’il mugissait. Plusieurs rabbins pensent qu’il fut fabriqué par des magiciens qui s’étaient mêlés aux Israélites à la sortie d’Égypte, Hur avait refusé de le faire ; et on voit dans les vieilles légendes que les Hébreux, irrités de ce refus, crachèrent si fort contre lui qu’ils l’étouffèrent sous ce singulier projectile[2].

 
Veau d’or
J. V.
 

Veau marin. Si l’on prend, du sang de ce poisson avec un peu de son cœur, et qu’on le mette dans de l’eau, on verra à l’entour une multitude de poissons ; et celui qui prendra un morceau de son cœur et le placera sous ses aisselles surpassera tout le monde en jugement et en esprit. Enfin, le criminel qui l’aura rendra son juge doux et favorable[3]. Voy. Mérovée.

Veland le Forgeron. Voy. Vade.

Velleda, druidesse qui vivait du temps de Vespasien, chez les Germains, au rapport de Tacite, et qui, moitié fée, moitié prophétesse, du haut d’une tour où elle siégeait, exerçait au loin une puissance égale ou supérieure à celle des rois. Les plus illustres guerriers n’entreprenaient rien sans son aveu et lui consacraient une partie du butin.

Vendredi. Ce jour, comme celui du mercredi, est consacré, par les sorcières du sabbat, à la représentation de leurs mystères. Il est regardé par les superstitieux comme funeste, quoique l’esprit de la religion chrétienne nous apprenne le contraire[4]. Ils oublient tous les malheurs qui leur arrivent les autres jours, pour se frapper l’imagination de ceux qu’ils éprouvent le vendredi. Néanmoins, ce jour tant calomnié a eu d’illustres partisans. François Ier assurait que tout lui réussissait le vendredi. Henri iv aimait ce jour-là de préférence. Sixte-Quint préférait aussi le vendredi à tous les autres jours de la semaine, parce que c’était le jour de sa naissance, le jour de sa promotion au cardinalat, de son élection à la papauté et de son couronnement.

Le peuple est persuadé que le vendredi est un jour sinistre, parce que rien ne réussit ce jour-là. Mais si un homme fait une perte, un autre fait un gain ; et si le vendredi est malheureux pour l’un, il est heureux pour un autre, comme tous les autres jours.

Cette superstition est très-enracinée aux États-Unis. À New-York, on voulut la combattre il y a quelques années ; on commanda un navire qui fut commencé un vendredi ; on en posa la première pièce un vendredi ; on le nomma un vendredi ; on le lança à la mer un vendredi ; on le fit partir un vendredi, avec un équipage qu’on avait éclairé. Il ne revint jamais… Et la crainte du vendredi est à New-York plus forte que jamais.

Les chemises qu’on fait le vendredi attirent les poux[5] dans certaines provinces.

Veneur. L’historien Mathieu raconte que le roi Henri iv, chassant dans la forêt de Fontaine-

  1. Saint-Foix, Essais sur Paris.
  2. Bayle, Dictionnaire critique ; Aaron, note A.
  3. Admirables secrets d’Albert le Grand, p. 110.
  4. La mort de Notre-Seigneur, la rédemption du genre humain, la chute du pouvoir infernal, doivent au contraire sanctifier le vendredi.
  5. Thiers, Traité des superstitions.