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pelle encore la fontaine des Fées ou des Dames. L’ancienne chronique de Duguesclin dit que dame Tiphaine, femme de ce héros, était regardée comme une fée, parce qu’elle était fort adroite et qu’elle prédisait à son mari tout ce qui devait lui arriver.

Tiromancie, divination par le fromage. On la pratiquait de diverses manières que nous ne connaissons pas.

Titania, reine des fées. Voy. Oberon.

Titus. On trouve raconté dans un vieux recueil de traditions juives que Titus prétendit avoir vaincu le Dieu des Juifs à Jérusalem. Alors une voix terrible se fit entendre, qui dit : « Malheureux, c’est la plus petite de mes créatures qui triomphera de toi. » En effet, un moucheron se glissa dans le nez de l’empereur et parvint jusqu’à son cerveau. Là pendant sept années, il se nourrit de cervelle d’empereur, sans qu’aucun médecin pût le déloger. Titus mourut après d’horribles souffrances. On ouvrit sa tête pour voir quel était ce mal contre lequel avaient échoué tous les efforts de la médecine, et on trouva le moucheron, mais fort engraissé. Il était devenu de la taille d’un pigeon. Il avait des pattes de fer et une bouche de cuivre[1].

Toia, nom sous lequel les habitants de la Floride adorent le diable, c’est-à-dire l’auteur du mal.

Tombeaux. Chez plusieurs nations idolâtres de l’antiquité, l’usage était d’aller dormir sur les tombeaux, afin d’avoir des rêves de la part des morts, de les évoquer en quelque sorte et de les interroger. Voy. Morts.

Tomtegobbe, le vieux du grenier, lutin suédois de la famille des Gobelins.

Tondal. Un soldat nommé Tondal, à la suite d’une vision, raconte qu’il avait été conduit par un ange dans les enfers. Il avait vu et senti les tourments qu’on y éprouve. L’ange l’avait conduit dans les diverses contrées de cet abîme ; et après lui avoir fait subir les horreurs du froid et la puanteur du soufre, expier le vol d’une vache qu’il se reprochait et comprendre les dangers d’une vie mal réglée, il lui fit entrevoir le paradis avec ses splendeurs, et le ramena ensuite dans son lit. Dès lors il se leva pour mener désormais une vie toute chrétienne[2].

Tonnerre. Le tonnerre a été adoré en qualité de dieu. Les Égyptiens le regardaient comme le symbole de la voix éloignée, parce que de tous les bruits c’est celui qui se fait entendre le plus loin. Lorsqu’il tonne, les Chingulais se persuadent que le ciel veut leur infliger un châtiment, et que les âmes des méchants sont chargées de diriger les coups pour les tourmenter et les punir de leurs péchés. En Bretagne on a l’usage, quand il tonne, de mettre un morceau de fer dans le nid des poules qui couvent[3], comme préservatif du tonnerre. Voy. Cloches, Évangile de saint Jean, etc.

Topielnitsys, malins esprits qui dansent sur les eaux en Russie et en Pologne.

Toqui. Le grand Toqui est le dieu suprême des Araucaniens. Il a pour ennemi Guécuba, qui est le démon.

Torngarsuk. Les Groënlandais ne font ni prières ni sacrifices et ne pratiquent aucun rite ; ils croient pourtant à l’existence de certains êtres surnaturels. Le chef et le plus puissant-de ces êtres est Torngarsuk, qui est invoqué surtout par les pêcheurs, et qu’ils représentent tantôt sous la

 
Torngarsuk
Torngarsuk
 
forme d’un ours, tantôt sous celle d’un homme avec un bras, tantôt enfin sous celle d’une créature humaine grande au plus comme un des doigts de la main.

C’est auprès de cette divinité que les anguekkoks sont obligés de se rendre pour lui demander conseil, quand un Groënlandais tombe malade. Indépendamment de ce bon génie, qui est invisible à tout le monde, excepté à l’anguekkok, il en est d’autres qui, par l’entremise de l’anguekkok, enseignent ce qu’on doit faire ou ce qu’on doit éviter pour être heureux. Chaque anguekkok a en outre son esprit familier, qu’il évoque et qu’il consulte comme un oracle.

Torquemada (Antoine de), auteur espagnol de l’Hexameron ou six journées, contenant plusieurs doctes discours, etc.; avec maintes histoires notables et non encore ouïes, mises en français par Gabriel Chappuys, Tourangeau ; Lyon, 1582, in-8o ; ouvrage plein de choses prodi-

  1. Vieille tradition rapportée par Alph. Karr, Voyage autour de mon jardin, lettre xie.
  2. Dionysii Carthusiani, art. 49. — Hæc prolixius describuntur in libello qui Visio Tondali nuncupatur. Voyez les Voyages de Tondal, dans les Légendes de l’autre monde.
  3. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. II, p. 16.