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son interprète qu’il est un grand magicien, que l’instrument qu’il porte l’avertit de tous les dangers ; que si le dégel était à craindre, l’animal qu’il renferme, étant exposé au grand air, ne descendrait pas ; mais que si la glace était encore forte, il descendrait au-dessous d’une ligne qu’il marque avec le doigt. Il sort alors : tous le suivent en foule, et le thermomètre de descendre. Pleins de surprise et d’admiration, les postillons se hâtent d’obéir, et la rivière est traversée malgré la glace fléchissant sous le poids du traîneau, et menaçant à chaque instant de se rompre et de l’engloutir avec les voyageurs.

Thespésius, citoyen de Cilicie, connu de Plutarque. C’était un mauvais sujet qui exerçait toutes sortes de friponneries, et se ruinait de jour en jour de fortune et de réputation. L’oracle lui avait prédit que ses affaires n’iraient bien qu’après sa mort. En conséquence, il tomba du haut de sa maison, se cassa le cou et mourut. Trois jours après, lorsqu’on allait faire ses funérailles, il revint à la vie, et fut dès lors le plus juste, le plus pieux et le plus homme de bien de la Cilicie. Comme on lui demandait la raison d’un tel changement, il disait qu’au moment de sa chute son âme s’était élevée jusqu’aux étoiles, dont il avait admiré la grandeur immense et l’éclat surprenant ; qu’il avait vu dans l’air un

 
Vision de Thespésius
Vision de Thespésius
 
grand nombre d’âmes, les unes enfermées dans des tourbillons enflammés, les autres pirouettant en tous sens ; celles-ci très-embarrassées et poussant des gémissements douloureux ; celles-là, moins nombreuses, s’élevant en haut avec rapidité et se réjouissant avec leurs semblables. Il racontait tous les supplices des scélérats dans l’autre vie, et il ajoutait que, pour lui, une âme de sa connaissance lui avait dit qu’il n’était pas encore mort, mais que, par la permission des dieux, son âme était venue faire ce petit voyage de faveur ; et qu’après cela il était rentré dans son corps, poussé par un souffle impétueux[1]. Mais vous, lecteur, croyez-moi, n’attendez pas la mort pour bien vivre.

Thessaliennes. La Thessalie possédait un si grand nombre de sorciers, et surtout de sorcières, que les noms de sorcière et de Thessalienne étaient synonymes.

Théurgie, art de parvenir à des connaissances surnaturelles et d’opérer des miracles par le secours des esprits ou génies que les païens nommaient des dieux et que les Pères de l’Église ont appelés avec raison des démons. Cet art imaginaire a été recherché et pratiqué par un grand nombre de philosophes. Mais ceux des troisième et quatrième siècles, qui prirent le nom d’éclectiques ou de nouveaux platoniciens, tels que Porphyre, Julien, Jamblique, Maxime, en furent principalement entêtés. Ils se persuadaient que, par des formules d’invocation, par certaines pratiques, on pouvait avoir un commerce familier avec les esprits, leur commander, connaître et opérer par leur secours des choses supérieures aux forces de la nature. Ce n’était, dans le fond, rien autre chose que la magie, quoique ces philosophes en distinguassent deux espèces, savoir : la magie noire et malfaisante, qu’ils nommaient goétie, et dont ils attribuaient les effets aux mauvais démons, et la magie bienfaisante, qu’ils appelaient théurgie, c’est-à-dire opération divine par laquelle on invoquait les bons esprits.

Comment savait-on, ajoute Bergier, que telles paroles ou telles pratiques avaient la vertu de subjuguer ces prétendus esprits et de les rendre obéissants ? Les théurgistes supposaient que les mêmes esprits avaient révélé ce secret aux hommes. Plusieurs de ces pratiques étaient des crimes, tels que les sacrifices de sang humain ; et il est établi que les théurgistes en offraient. Voy. Julien, Magie, Art notoire.

Thiers (Jean-Baptiste), savant bachelier de Sorbonne, professeur de l’Université de Paris, et ensuite curé de Vibraye, dans le diocèse du Mans ; né à Chartres en 1638, mort à Vibraye en 1703; auteur un peu janséniste de plusieurs ouvrages curieux, parmi lesquels on recherche toujours le Traité des superstitions, 4 vol. in-12. Il y rapporte une foule de petits faits singuliers.

Thomas (Saint). On lit dans les démonomanes que saint Thomas d’Aquin se trouvait incommodé dans ses études par le grand bruit des chevaux qui passaient tous les jours sous ses fenêtres pour aller boire. Comme il était habile à faire des talismans, il fit une petite figure de cheval qu’il enterra dans la rue ; et depuis, les palefreniers furent contraints de chercher un autre chemin, ne pouvant plus à toute force faire passer aucun cheval dans cette rue enchantée.

C’est un conte comme un autre. Voy. Albert le Grand.

Thomas. On lit dans plusieurs conteurs ce qui suit ; « Un moine nommé Thomas, à la suite

  1. Voyez ce récit tout entier dans les Légendes de l’autre monde.
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