Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/665

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
TÊT
THÈ
― 657 ―

Tête de mort. Un roi chrétien, voulant connaître le moment et le genre de sa mort, fit venir un nécromancien, qui, après avoir dit la messe du diable, fit couper la tête d’un jeune enfant de dix ans, préparé pour cet effet ; ensuite il mit cette tête sur l’hostie noire, et, après certaines conjurations, il lui commanda de répondre à la demande du prince ; mais la tête ne prononça que ces mots : Le ciel me vengera[1]… Et aussitôt le roi entra en furie, criant sans cesse : Ôtez-moi cette tête ! Peu après il mourut enragé[2].

Tête de saint Jean. Un devin s’était rendu fameux dans le dix-septième siècle par la manière dont il rendait ses oracles. On entrait dans une chambre éclairée par quelques flambeaux. On voyait sur une table une représentation qui figurait la tête de saint Jean-Baptiste dans un plat. Le devin affectait quelques cérémonies magiques ; il conjurait ensuite cette tête de répondre sur ce qu’on voulait savoir, et la tête répondait d’une voix intelligible, quelquefois avec une certaine exactitude. Or, voici la clef de ce mystère : la table, qui se trouvait au milieu de la chambre, était soutenue de cinq colonnes, une à chaque coin et une dans le milieu. Celle du milieu était un tuyau de bois ; la prétendue tête de saint Jean était de carton peint au naturel, avec la bouche ouverte, et correspondait, par un trou pratiqué dans le plat et dans la table, à la cavité de la colonne creuse. Dans la chambre qui se trouvait au-dessous, une personne, parlant par un porte-voix dans cette cavité, se faisait entendre très-distinctement : la bouche de la tête avait l’air de rendre ses réponses.

Têtes de serpent. Passant par Hambourg, Linné, encore fort jeune, donna une preuve de sa sagacité en découvrant qu’un fameux serpent à sept têtes, qui appartenait au bourgmestre Spukelsen, et qu’on regardait comme un prodige, n’était qu’une pure supposition. À la première inspection, le docte naturaliste s’aperçut que six de ces têtes, malgré l’art avec lequel on les avait réunies, étaient des museaux de belettes, couverts d’une peau de serpent.

Tetragrammaton, mot mystérieux employé dans la plupart des conjurations qui évoquent le diable.

Teula, sorte de mirage qui a lieu en Écosse, où la personne qui en est frappée croit voir passer un convoi funèbre ou ce qu’ils appellent un enterrement. Elle se dérange pour ne pas en être froissée.

Teusarpouliet ou Temzarpouliet. Voy. ce mot.

Teuss, génie bienfaisant révéré dans le Finistère ; il est vêtu de blanc et d’une taille gigantesque, qui croît quand on l’approche. On ne le voit que dans les carrefours, de minuit à deux heures. Quand vous avez besoin de son secours contre les esprits malfaisants, il vous sauve sous son manteau. Souvent, quand il vous tient enveloppé, vous entendez passer avec un bruit affreux le chariot du diable, qui fuit à sa vue, qui s’éloigne en poussant des hurlements épouvantables, en sillonnant d’un long trait de lumière l’air, la surface de la mer, en s’abîmant dans le sein de la terre ou dans les ondes[3].

Teutatès, le Pluton des Gaulois. On l’adorait dans les forêts. Le peuple n’entrait dans ces forêts mystérieuses qu’avec un sentiment de terreur, fermement persuadé que les habitants de l’enfer s’y montraient, et que la seule présence d’un druide pouvait les empêcher de punir la profanation de leur demeure. Lorsqu’un Gaulois tombait à terre, dans une enceinte consacrée au culte, il devait se hâter d’en sortir, mais sans se relever et en se traînant à genoux, pour apaiser les êtres surnaturels qu’il croyait avoir irrités[4].

Thalmud, livre qui contient la doctrine, les contes merveilleux, la morale et les traditions des Juifs modernes. Environ cent vingt ans après la destruction du temple, le rabbin Juda-Haccadosch, que les juifs appelaient notre saint maître, homme fort riche et fort estimé de l’empereur Antonin le Pieux, voyant avec douleur que les Juifs dispersés commençaient à perdre la mémoire de la loi qu’on nomme orale ou de tradition, pour la distinguer de la loi écrite, composa un livre où il renferma les sentiments, les constitutions, les traditions de tous les rabbins qui avaient fleuri jusqu’à son temps. Ce recueil forme un volume in-folio ; on l’appelle spécialement la Mischna ou seconde loi. Cent rabbins y ont joint des commentaires, dont la collection se nomme Gémare. Le tout embrasse douze volumes in-folio.

Les Juifs mettent tellement le Thalmud audessus de la Bible qu’ils disent que Dieu étudie trois heures par jour dans la Bible, mais qu’il en étudie neuf dans le Thalmud.

Thamus, pilote qui annonça la mort du grand Pan. Voy. Pan.

Thamuz, démon du second ordre, inventeur de l’artillerie. Ses domaines sont les flammes, les grils, les bûchers. Quelques démonomanes lui attribuent l’invention des bracelets que les dames portent.

Théagènes. Voy. Oracles.

Théantis, femme mystérieuse. Voy. Oféreit.

Thème céleste. Ce terme d’astrologie se dit de la figure que dressent les astrologues lorsqu’ils tirent l’horoscope. Il représente l’état du ciel à un point fixe, c’est-à-dire le lieu où sont en ce moment les étoiles et les planètes. Il est composé

  1. L’original porte : Vim patior.
  2. Bodin, Démonomanie des sorciers.
  3. Cambry, Voyage dans le Finistère.
  4. M. Garinet, Histoire de la magie en France, p. 3.
42