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de grande taille, noir, affreux, armé de cornes. Un jeune homme qui achevait son cours de philosophie fit observer à l’assemblée que la bête renfermée dans la boîte, étant infiniment plus grosse que la boîte elle-même, ne pouvait être un être matériel, mais bien un esprit comprimé sous la forme d’un animal. On concluait que celui qui portait la boîte avec lui ne pouvait être qu’un sorcier et un magicien. Un événement si diabolique fit grand bruit. Le juge qui présidait à l’inventaire condamna le mort à être privé de la sépulture ecclésiastique, et enjoignit au curé d’exorciser la boîte pour en faire sortir le démon. La multitude, sachant que le défunt était jésuite, décida de plus que tout jésuite commerçait avec le diable ; ce qui est la manière de juger des masses ignorantes. Pendant qu’on procédait en conséquence, un philosophe prussien, passant par ce village, entendit parler d’un jésuite sorcier et du diable enfermé dans une boîte. Il en rit beaucoup, alla voir le phénomène et reconnut que c’était un microscope, que les villa-

 
Tanner
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geois ne connaissaient pas. Il ôta la lentille, et en fit sortir un cerf-volant, qui se promena sur la table et ruina ainsi tout le prodige. Cela n’empêcha pas que beaucoup de gens par la suite, parlant du P. Tanner, ne faisaient mention que de l’impression produite d’abord, et s’obstinaient à soutenir qu’ils avaient vu le diable et qu’un jésuite est un sorcier[1].

Tap ou Gaap, grand président et grand prince aux enfers. Il se montre à midi lorsqu’il prend la forme humaine. Il commande à quatre des principaux rois de l’empire infernal. Il est aussi puissant que Byleth. Il y eut autrefois des nécromanciens qui lui offrirent des libations et des holocaustes ; ils l’évoquaient au moyen d’artifices magiques qu’ils disaient composés par le très-sage roi Salomon ; ce qui est faux, car ce fut Cham, fils de Noé, qui le premier commença à évoquer les esprits malins. Il se lit servir par Byleth et composa un art en son nom, et un livre qui est apprécié de beaucoup de mathématiciens. On cite un autre livre attribué aux prophètes Élie et Élisée, par lequel on conjure Gaap en vertu des saints noms de Dieu renfermés dans les Clavicules de Salomon.

 
Tap
Tap
Tap.
 

Si quelque exorciste connaît l’art de Byleth, Gaap ou Tap ne pourra supporter la présence dudit exorciste. Gaap ou Tap excite à l’amour, à la haine. Il a l’empire sur les démons soumis à la puissance d’Amaymon. Il transporte trèspromptement les hommes dans les différentes contrées qu’ils veulent parcourir. Il commande à soixante légions[2].

Tarentule. On prétend qu’une seule piqûre de la tarentule suffit pour faire danser. Un coq et une guêpe piqués de cette sorte d’araignée ont dansé, dit-on, au son du violon et ont battu la mesure. Si l’on en croit certains naturalistes, non-seulement la tarentule fait danser, mais elle danse elle-même assez élégamment. Le docteur Saint-André certifie qu’il a traité un soldat napolitain qui dansait tous les ans quatre ou cinq jours de suite, parce qu’une tarentule l’avait piqué. Ces merveilles ne sont pas encore bien expliquées.

Tarni, formules d’exorcisme usitées chez les Kalmouks. Écrites sur du parchemin et suspendues au cou d’un malade, elles passent pour avoir la vertu de lui rendre la santé.

Taroataihetomeo, Dieu suprême des indigènes d’Otahiti ; sans doute le même que Taaroa et aussi qu’Éatua.

Tarots ou Cartes tarotées. C’est le nom

  1. Le P. Bonaventure Giraudeau. Paraboles.
  2. Wierus, in Pseudom. dæm., p. 823.