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Les talismans furent imaginés, dit-on, par les Égyptiens, et les espèces en sont innombrables. Le plus célèbre de tous les talismans est le fameux anneau de Salomon, sur lequel était gravé le grand nom de Dieu. Rien n’était impossible à l’heureux possesseur de cet anneau, qui dominait sur tous les génies.

Apollonius de Tyane mit à Constantinople la figure d’une cigogne qui en éloignait tous les oiseaux de cette espèce par une propriété magique. En Égypte, une figure talismanique représentait Vénus couchée, et servait à détourner la grêle.

On faisait des talismans de toutes les matières ; les plus communs sont les talismans cabalistiques, qui sont aussi les plus faciles, puisqu’on n’a pas besoin pour les fabriquer de recourir au diable ; ce qui demande quelques réflexions.

Les talismans du soleil, portés avec confiance et révérence, donnent les faveurs et la bienveillance des princes, les honneurs, les richesses et l’estime générale. Les talismans de la lune garantissent des maladies populaires : ils devraient aussi garantir des superstitions. Ils préservent les voyageurs de tout péril. Les talismans de Mars ont la propriété de rendre invulnérables ceux qui les portent avec révérence. Ils leur donnent une force et une vigueur extraordinaires. Les talismans de Jupiter dissipent les chagrins, les terreurs paniques, et donnent le bonheur dans le commerce et dans toutes les entreprises. Les talismans de Vénus éteignent les haines et donnent des dispositions à la musique. Les talismans de Saturne font accoucher sans douleur ; ce qui a été éprouvé avec un heureux succès, disent les écrivains spéciaux, par des personnes de qualité qui étaient sujettes à faire de mauvaises couches. Ils multiplient les choses avec lesquelles on les met. Si un cavalier est botté et qu’il porte un de ces talismans dans sa botte gauche, son cheval ne pourra être blessé. Les talismans de Mercure rendent éloquents et discrets ceux qui les portent révéremment. Ils donnent la science et la mémoire ; ils peuvent guérir toutes sortes de fièvres, et, si on les met sous le chevet de son lit, ils procurent des songes véritables dans lesquels on voit ce que l’on souhaite de savoir : agrément qui n’est pas à dédaigner[1]. Voy. Talys, Theraphim, Thomas d’Aquin, Crocodiles, Pantacles, etc.

Talissons, prêtres des Prussiens aux siècles de l’idolâtrie. Ils faisaient l’oraison funèbre du mort, puis, regardant au ciel, ils criaient qu’ils voyaient le mort voler en l’air à cheval, revêtu d’armes brillantes, et passer en l’autre monde avec une grande suite.

Talmud. Voy. Thalmud.

Talys, talismans employés dans les mariages chez les Indiens. Dans quelques castes, c’est une petite plaque d’or ronde, sans empreinte ni figure ; dans d’autres, c’est une dent de tigre ; il y en a qui sont des pièces d’orfèvrerie matérielles et informes.

Tambour magique. C’est le principal instrument de la magie chez les Lapons. Ce tambour est ordinairement fait d’un tronc creusé de pin ou de bouleau. La peau tendue sur ce tambour est couverte de figures symboliques que les Lapons y tracent avec du rouge. Voy. Lapons.

Tamaracunga, jeune Péruvien qui, à la suite de l’entrée des Espagnols dans le Pérou, voulut recevoir le baptême. Il fut à ce sujet cruellement harcelé par les démons, qui jusqu’alors avaient régné dans cette contrée. Mais il eut la grâce de triompher d’eux. Ses luttes contre l’ennemi sont racontées avec de curieux détails dans l’histoire du Pérou de Pierre Ciéca de Léon, ouvrage estimé[2]. On y voit que les démons, moitié furieux, moitié baladins, ne négligeaient rien pour conserver leur proie.

Tamis (divination par le). Voy. Cosquinomancie.

Tamous, enfer général des Kalmouks. Des diables à tête de chèvre y tourmentent les damnés, qui sont sans cesse coupés par morceaux, sciés, brisés sous des meules de moulin, puis rendus à la vie pour subir le même supplice. Les bêtes de somme y expient leurs fautes sous les plus pesants fardeaux, les animaux féroces se déchirent entre eux sans cesse, etc.

Tanaquil, femme de Tarquin l’Ancien. Elle était habile dans la science des augures ; on conservait à Rome sa ceinture, à laquelle on attribuait de grandes vertus.

Tanchelm ou Tanchelin. De 1105 à 1123, cet hérétique dissolu fut en si grande vénération à Anvers et dans les contrées voisines, qu’on recherchait ses excréments comme des préservatifs, charmes et phylactères[3].

Taniwoa, le Neptune des naturels de la Nouvelle-Zélande.

Tanner. Le cardinal Sfrondrate raconte que le P. Tanner, pieux et savant jésuite, allant de Prague à Inspruck pour rétablir sa santé à l’air natal, mourut en chemin dans un village dont on ne dit pas le nom. Comme la justice du lieu faisait l’inventaire de son bagage, on y trouva une petite boite que sa structure extraordinaire fit d’abord regarder comme suspecte, car elle était noire et composée de bois et de verre. Mais on fut bien plus surpris lorsque le premier qui regarda par le verre d’en haut se recula en disant qu’il y avait vu le diable. Tous ceux qui regardèrent après lui en firent autant. Effectivement ils voyaient dans cette boîte un être animé,

  1. Le Petit Albert.
  2. Imprimé à Séville en 1555, in-folio.
  3. Voyez son histoire dans les Légendes des péchés capitaux.