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funestes. César se moqua de lui et fut assassiné dans la journée.

Squelette. Un chirurgien qui était au service du czar Pierre le Grand avait un squelette qu’il pendait dans sa chambre auprès de sa fenêtre.

 
 
Ce squelette se remuait toutes les fois qu’il faisait du vent. Un soir que le chirurgien jouait du luth à sa fenêtre, le charme de cette mélodie attira quelques strelitz, gardes du czar, qui passaient par là. Ils s’approchèrent pour mieux entendre ; et, comme ils regardaient attentivement, ils virent que le squelette s’agitait. Cela les épouvanta si fort que les uns prirent la fuite hors d’eux-mêmes, tandis que d’autres coururent à la cour, et rapportèrent à quelques favoris du czar qu’ils avaient vu les os d’un mort danser à la musique du chirurgien… La chose fut vérifiée par des gens que l’on envoya exprès pour examiner le fait, sur quoi le chirurgien fut condamné à mort. Il allait être exécuté, si un boyard qui le protégeait et qui était en faveur auprès du czar n’eût intercédé pour lui, et représenté que ce chirurgien ne se servait de ce squelette et ne le conservait dans sa maison que pour s’instruire dans son art par l’étude des différentes parties qui composent le corps humain. Cependant, quoi que ce seigneur pût dire, le chirurgien fut obligé d’abandonner le pays, et le squelette fut traîné par les rues, et brûlé publiquement.

Stadius, chiromancien qui, du temps de Henri III, exerçait son art en public. Ayant un jour été conduit devant le roi, il dit au prince que tous les pendus avaient une raie au pouce comme la marque d’une bague. Le roi voulut s’en assurer, et ordonna qu’on visitât la main d’un malheureux qui allait être exécuté ; n’ayant trouvé aucune marque, le sorcier fut regardé comme un imposteur et logé en prison[1].

Staffirs, spectres dangereux qui se montrent en formes de femmes blanches dans la Moldavie et la Valachie.

Stagirus, moine hérétique qui était souvent possédé. On rapporte que le diable, qui occupait son corps, apparaissait sous la forme d’un pourceau couvert d’ordure et fort puant[2].

Stalkers, lutin méchant qui hante les pays flamands.

Stanoska, jeune fille de Hongrie dont on raconte ainsi l’histoire. Un défunt nommé Millo était devenu vampire ; il reparaissait les nuits et suçait les gens. La pauvre Stanoska, qui s’était couchée en bonne santé, se réveilla au milieu de la nuit en s’écriant que Millo, mort depuis neuf

 
 
semaines, était venu pour l’étrangler. Sa mère accourut et la soigna ; mais de ce moment elle languit et mourut au bout de trois jours. Ce vam-
  1. Delancre, Tableau de l’inconst. des démons, etc., liv. III, p. 187.
  2. Saint Jean Chrysostome.