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était monté sur un arbre, que la branche sur laquelle il était se rompait sous lui et qu’il se brisait les membres en tombant.

Ce jeune homme, le lendemain, eut la fatale pensée d’aller grimper sur l’arbre qu’il avait vu en songe, comme pour prouver qu’il n’ajoutait aucune foi aux rêves. Il était sur l’arbre, et racontait en riant à l’un de ses camarades son rêve de la nuit précédente, lorsque tout à coup la branche qui le portait rompt sous le poids de son corps ; M. Renard tombe, et dans sa chute il se casse un bras et une jambe ; il est relevé dans un état tel, que trois jours après il expira au milieu des plus cruelles souffrances.

Sonhardibel, prêtre apostat des Basses-Pyrénées, qui disait au sabbat la messe du diable avec une hostie noire en triangle. Il était quelquefois assez longtemps enlevé en l’air, la tête en bas. Fin du seizième siècle. Nous n’en savons pas plus.

Sorciers, gens qui, avec le secours des puissances infernales, peuvent opérer des choses surnaturelles, en conséquence d’un pacte fait avec le diable. Ce n’étaient en général que des imposteurs, des charlatans, des fourbes, des maniaques, des fous, des hypocondres ou des vauriens qui, désespérant de se donner quelque importance par leur propre mérite, se rendaient remarquables par les terreurs qu’ils inspiraient. Chez tous les peuples, on trouve des sorciers : on les appelle magiciens lorsqu’ils opèrent des prodiges, et devins lorsqu’ils devinent les choses cachées. Il y avait à Paris, du temps de Charles IX, trente mille sorciers qu’on chassa de la ville. On en comptait plus de cent mille en France sous le roi Henri III. Chaque ville, chaque bourg, chaque village, chaque hameau, avait les siens ; et de nos jours en France, où la partie la plus malsaine et la plus répandue de la presse combat les choses religieuses au lieu d’éclairer les esprits grossiers, il y a encore les deux tiers des villages où l’on croit aux sorciers. On les poursuivit sous Henri IV et sous Louis XIII; le nombre de ces misérables ne commença à diminuer que sous Louis XIV. L’Angleterre n’en était pas moins infestée. Le roi Jacques Ier, qui leur faisait la chasse très-durement, écrivit contre eux un gros livre, sans éclairer la question.

Un fait constant, c’est que la plupart des sorciers et de ceux qui se disent tels sont des bandits qui prennent un masque diabolique pour faire le mal ; c’est que la plupart de leurs sortilèges sont des empoisonnements, et leurs sabbats d’affreuses orgies. Ces sorciers étaient encore des restes de bandes hérétiques, conduits d’aberrations en aberrations au culte tout cru du démon.

Les sorciers sont coupables de quinze crimes, dit Bodin : 1° ils renient Dieu ; 2° ils le blasphèment ; 3° ils adorent le diable ; 4° ils lui vouent leurs enfants ; 5° ils les lui sacrifient souvent, avant qu’ils soient baptisés[1] ; 6° ils les consacrent à Satan, dès le ventre de leur mère ; 1° ils lui

 
Bandits, graine de sorciers
Bandits, graine de sorciers
Bandits, graine de sorciers.
 
promettent d’attirer tous ceux qu’ils pourront à son service ; 8° ils jurent par le nom du démon, et s’en font honneur ; 9° ils ne respectent plus aucune loi, et commettent jusqu’à des incestes ; 10° ils tuent les personnes, les font bouillir et les mangent ; 11° ils se nourrissent de chair humaine et même de pendus ; 12°ils font mourir les gens
 
Enfants sacrifiés
Enfants sacrifiés
Enfants sacrifiés.
 
par le poison et les sortilèges ; 13° ils font crever le bétail ; 14° ils font périr les fruits, et cau-
  1. Spranger fit condamner à mort une sorcière qui avait fait mourir quarante et un petits enfants.